
Le mouvement des Gilets jaunes impacte fortement l’économie locale. (©L’Action Républicaine.)
Economie. Depuis trois semaines, le mouvement des Gilets jaunes paralyse l’économie nationale et locale.
Sur Nogent-le-Rotrou (Eure-et-Loir), les week-ends ont été particulièrement perturbés et les conséquences commencent à se faire sentir.
Un chiffre d’affaires en baisse de 15 à 80 %
Les grandes enseignes alimentaires sont inquiètes.
« Décembre est un gros mois pour notre secteur et aujourd’hui le mouvement est clairement impactant. Nous observons une baisse de 40 % de notre chiffre d’affaires. L’autre problématique qui commence à se faire sentir, ce sont les difficultés d’approvisionnement », explique-t-on du côté d’Intermarché.
Hervé Dumas, patron du centre Leclerc de Margon, ne mâche pas ses mots :
« La situation est déplorable ! Décembre est le mois où on réalise notre plus gros chiffre d’affaires. La baisse de ce dernier, depuis le début du mouvement des Gilets jaunes, oscille entre – 80 % les week-ends et – 20 % les autres jours. Le mouvement des Gilets jaunes pénalise directement mes 185 salariés. Cette année, il n’y aura pas de participation auprès des salariés et pas d’embauche non plus. J’ai arrêté le mécénat. Le peuple est en train de pénaliser le peuple. Le grand gagnant dans cette histoire, c’est internet et Amazon. La cible atteinte n’est pas la bonne ! »
Du côté des restaurateurs, même constat : « Pour nous, c’est un manque de chiffre d’affaires. De nombreux résidents parisiens qui viennent en week-end, dans le Perche, ont décidé de rester sur Paris. L’impact est donc réel. L’après-midi du samedi 24 novembre, nous avons fait 20 couverts de moins que d’habitude. Pour nous cela représente une perte estimée entre 15 et 20 %. Mais l’autre interrogation qui demeure c’est de savoir combien de temps ce mouvement va durer dans le temps ! », explique ce restaurateur.
Un autre confirme ce sentiment : « Le 17 novembre, nous avons fait une bonne journée car des gens sont restés bloqués sur Nogent. Mais les week-ends suivants, il y a eu beaucoup moins de clients. »
Même constat du côté de l’Union des commerçants. « Nous comprenons le mouvement et en même temps, il nous impacte fortement. Le samedi 17 novembre, a eu un fort impact sur le chiffre d’affaires de plusieurs commerces. On a constaté une baisse allant de 15 à 20 % », explique Jean-Jérôme de Souancé, coprésident de l’association.
L’autre problème qui commence à poindre, c’est l’arrivée des fêtes de Noël.
« C’est la plus grosse période commerciale pour nous. On réalise en général des bons chiffres équivalant à quatre ou cinq mois normaux. Cette année, les commerçants s’interrogent. Ils ont fait moins de stock face à ce mouvement des gilets jaunes car on ne sait pas jusqu’à quand il va durer ? »
La morosité s’installe
À Margon, l’impact est plus fort. Un responsable d’une enseigne textile détaille : « Les samedis nous perdons plus de 50 % de notre chiffre d’affaires. Le reste de la semaine, nous sommes également impactés mais dans une moindre mesure. On sent un ralentissement de l’économie et on voit s’installer une certaine morosité. Ce sera de plus en plus pénalisant pour nous si ça dure ! Pour le textile, il y aura des conséquences, il faudra taper fort lors des prochaines soldes pour pouvoir avoir un peu de trésorerie ! »
Du côté des services, une des responsables d’une chaîne d’hôtel de Nogent-le-Rotrou détaille : « Nous n’avons eu qu’une à deux annulations pour l’instant ! L’impact des manifestations n’est donc pas important ! ».
Un autre hôtelier observe : « Le vendredi et le lundi, le téléphone est resté muet. Nous accueillons des commerciaux, des chefs d’entreprise et des artisans. Ce qui les inquiétait le plus c’était de savoir s’il n’y avait pas de pénuries de carburants sur Nogent. Globalement, la perte de clientèle se situe entre 10 % et 20 %. Mais je suis solidaire des Gilets jaunes ! »