
Le contre-ténor Théophile Alexandre sera au chant et à la danse. (DR)
Le spectacle « ADN Baroque » propose une relecture contemporaine des plus grands airs baroques de compositeurs majeurs comme Bach, Haendel, Purcell, Rameau ou Vivaldi. Du jamais vu sur la scène du Théâtre-Sénart, le mardi 11 décembre, à 20 h 30. Au chant et à la danse, Théophile Alexandre.
Pourquoi avoir choisi ce titre « ADN Baroque » pour votre spectacle ?
C’est un oxymore. On voulait mettre en regard ces deux mots qui paraissent très éloignés car ce spectacle se situe entre le rationnel le passionnel. Cette musique vocale du XVIIe et XVIIIe siècle est très en contraste. La musique à l’époque était jouée avec de très grands orchestres. C’était très fastueux. Alors, on est revenu à l’essence propre du baroque. On l’a « déshabillé », en enlevant tous ces fastes de l’époque pour revenir à la mélodie, à la substance même de cette musique, d’où le terme ADN. On est parti sur le format récital piano-voix avec un accompagnement très intime, sans aucun ornement pour une grande proximité.
Paradoxalement, on a plutôt l’impression que vous modernisez le baroque…
En effet, on modernise en revenant à l’essentiel. Cette musique est magnifique et on avait envie de la transmettre. Le format piano-voix, c’est une relecture très actuelle. Nous ne sommes pas dans une restitution avec les instruments d’époque. La modernité dans ce spectacle vient aussi de la danse contemporaine.
Vous parlez de 21 émotions, référence au poids de l’âme. Quelles sont ces émotions ?
On est parti sur cette légende que l’âme pèserait 21 grammes. L’idée, c’est d’imaginer un voyage émotionnel. Pendant 1h15 de spectacle, on se balade entre ces émotions. On commence par un tableau plutôt solaire avec des émotions comme l’espoir, le désir, la liberté, la légèreté, la fierté. Et puis après, on entre dans un deuxième acte entre ombre et lumière, un peu plus complexe dans les sentiments, comme la trahison, la douleur, la vengeance. Et pour finir, dans un troisième acte, on entre dans la nuit, avec des sentiments beaucoup plus torturés comme l’abandon, la folie, la colère.
Peut-on voir ce spectacle comme une sorte de conte musical finalement ?
C’est totalement ça. « ADN Baroque », c’est une sorte de conte musical, émotionnel. On a voulu mettre du sens dans ce spectacle et pas réaliser un patchwork. Le format récital classique est souvent gratuit. On a préféré y mettre du fond, du sous-texte. Et faire un vrai voyage pour emmener le spectateur au-delà de l’expérience sonore et visuelle, dans une dramaturgie. C’est une vraie plongée dans l’ADN de l’Homme parce qu’on est revenu à ce qu’était la musique baroque qui s’est énormément attachée à l’humain, au-delà de l’émotion.
Dans le poids de l’âme, doit-on discerner un symbole au divin ?
Il peut y avoir ça. On finit d’ailleurs par une pièce religieuse, « La passion » de Bach. On est attiré par le côté divin. Et puis, la voix de contre-ténor est une voix très particulière, puisque c’est la plus aiguë pour l’homme, elle convoque aussi quelque chose de divin. On dit souvent que c’est la voix des anges.
Choisir « seulement » 21 œuvres parmi tout le répertoire baroque, n’a-t-il pas été un casse-tête ?
Ça a été très compliqué, parce que vraiment il y a des œuvres magnifiques. On a réfléchi en fonction des émotions qu’on voulait mettre en mouvement. Et, en même temps, on s’est mis comme consigne de n’être qu’en mode mineur. On a enlevé toutes ces pièces en mode majeur. Car le mode mineur en musique est un mode très poignant, très émotionnel. Ça donne une certaine couleur et des sonorités très cohérentes. Mais on va enregistrer un deuxième disque parce que c’est très frustrant de ne s’arrêter qu’à 21 pièces.
Le fait de chanter dans un théâtre, est-ce que ça change beaucoup, par rapport à un opéra ?
À Sénart où j’ai déjà chanté plusieurs fois, ce qui est très agréable, par rapport à un opéra, c’est la proximité. « ADN Baroque » est un spectacle très intime. Nous ne sommes que deux sur scène. Le rapport public-spectateurs est très agréable. Et puis, ce qui est formidable à Lieusaint, c’est la qualité de l’acoustique. La voix est portée comme à l’opéra et du coup le spectateur reçoit très vite l’émotion musicale. Il y a la proximité et les conditions idéales techniques. Les spectateurs se prennent l’émotion de plein fouet.
Propos recueillis par
Vanessa RELOUZAT
Renseignements
« ADN Baroque », le mardi 11 décembre au Théâtre-Sénart, à Lieusaint, à 20h30.
Tél. : 01 60 34 53 60.