
2020, début d’un « mandat du vélo » à Rouen ? L’association Sabine à vélo y travaille. (©FM/76actu)
Habituée à tenter d’influer sur les politiques publiques en matière de déplacement à vélo, l’association Sabine a intensifié son lobbying à l’arrivée des élections municipales 2020 à Rouen (Seine-Maritime). Le travail semble avoir porté ses fruits, à voir les programmes des différents candidats. « On voit qu’ils sont foisonnants sur cette question », se réjouit Guillaume Grima, l’un des membres de l’association. Maintenant que les annonces sont réalisées, tous sont attendus au tournant.
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« Un sujet très consensuel »
Investie dans l’organisation d’un débat sur le thème de l’écologie entre une partie des candidats au côté de l’association Effet de serre toi-même en janvier, Sabine a par ailleurs diffusé une note à l’intention des participants à l’élection. « Nous avons préparé un petit guide à destination des candidats, résume Sandrine, adhérente de l’association. On a décidé de commencer les échanges avec les candidats en amont pour essayer de les sensibiliser et connaître leur point de vue. »
Ces suggestions portent sur les aménagements, leur lisibilité, la sécurisation, l’éducation à la circulation à vélo, le rééquilibrage de l’espace publique entre vélos et voitures, mais aussi les infrastructures de stockage des vélos au départ et à l’arrivée du trajet ou encore le développement de la culture du vélo et du cyclotourisme autour de la Seine à vélo.
Les candidats semblent en avoir tenu compte. Presque tous prônent une politique favorable au développement de ce mode de transport. « Ils nous donnent en quelque sorte raison de voir le vélo comme un outil d’évolution structurant du territoire », assure Guillaume Grima, même s’il identifie des limites, qui ont notamment transparu lors du débat :
Comme on pouvait s’y attendre, c’est un sujet très consensuel. Là où ils ne s’engagent pas réellement c’est sur le rééquilibrage et l’apaisement de l’espace public, dont une des conditions nécessaires est de diminuer la place de la voiture au profit des modes doux. C’est une décision dur pour les élus de réduire la voirie pour l’automobile.
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Des actes attendus du vainqueur
Selon les adhérents de Sabine, le précédent mandat a été marqué par « un manque d’ambition » au niveau métropolitain. Ils demandent à être, eux et les autres acteurs associatifs du territoire, clairement associés à l’élaboration des projets à l’avenir via « une convention rendant la concertation systématique ».
Il reste beaucoup à faire à Rouen, si l’on en croit le récent baromètre des villes cyclables de la fédération des usagers de la bicyclette (FUB), à laquelle appartient Sabine. Rouen est classée à la 16e place des villes de 100 000 à 200 000 habitants. Même si la situation va en s’améliorant d’après le ressenti des cyclistes, le « retard est immense, historique », selon Guillaume Grima, à Rouen comme dans les villes environnantes.
Ce retard pénalise les cyclistes qui sont déjà sur le vélo, mais aussi l’intermodalité ou encore les personnes qui voudraient devenir cyclistes. On pense que les actes doivent arriver et que c’est le moment. On ne va pas pouvoir attendre six ans de plus.
Les attentes sont importantes envers le futur vainqueur de l’élection. Il devra concrétiser cette « belle embellie » et cette « envie de vélo » ressenties lors de la campagne. Après un « dernier mandat compliqué » pour sa cause, l’association annonce déjà qu’elle veillera au grain. « La déception pourrait être proportionnelle à l’espoir suscité », prévient Guillaume Grima.
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