
Robin Françoise a décroché sa place à Kazan, en Russie, pour la finale internationale des Olympiades des métiers. (©Romain Kauffmann)
Il aura fallu cinq ans de travail pour la décrocher, des heures voire des semaines d’entraînements physiques, techniques et mentaux pour en arriver là. « Il faut croire que les efforts ont payé », sourit Robin Françoise.
Le 1er décembre dernier, ce jeune étudiant de 21 ans s’est illustré aux 45e Olympiades des métiers de Caen en y remportant la médaille d’or d’ébénisterie. Un prix qui le conduira en août 2019 à Kazan, en Russie, pour l’étape internationale de la compétition.
Les Jeux olympiques des métiers
Les Olympiades des métiers sont un concours exigent qui s’apparenterait aux Jeux Olympiques, selon Robin Françoise :
Les Olympiades des métiers transforment notre profession en sport de haut niveau. Ces trois jours de compétitions requièrent beaucoup d’énergie.
À tel point que les participants se doivent de suivre un programme d’entraînement intensif. « On se découvre un corps, des capacités physiques que l’on ne connaissait pas auparavant. »

Les Olympiades des métiers est un concours des plus exigeants qui demande rigueur et précision. (©Romain Kauffmann)
Coaché par des sportifs, le jeune homme s’est exercé au Stade Toulousain, au Centre de ressources, d’expertise et de performance sportive (Creps) de Font-Romeu, mais également auprès des militaires afin d’être prêt à la fois physiquement et mentalement à la compétition. L’ancien élève du lycée des métiers d’art, du bois et de l’ameublement de Revel explique alors :
Une fois sur place, on n’a pas le droit de craquer. Si une pièce est ratée, il faut se ressaisir et la retravailler le lendemain afin de livrer un travail parfait.
Du 29 novembre au 1er décembre dernier, pas moins de 670 jeunes venus de toute la France se sont affrontés à Caen dans l’un des 57 métiers en compétition. « En ébénisterie nous étions dix. C’est ultra-sélectif ! »
Sur place, l’ancien Revélois découvre le carré des ébénistes, les machines et établis sur lesquels il va travailler.
Le sujet est dévoilé le jour même. Cette année nous devions réaliser un secrétaire avec un tiroir et un abattement. C’est une pièce traditionnelle.

Cette année, les ébénistes ont dû réaliser une pièce traditionnelle : un secrétaire avec un tiroir et un abattement. (©Romain Kauffmann)
Les participants ont 18 heures pour réaliser le mobilier tout en respectant le barème de notation, très détaillé. « Nous sommes évalués sur 1 000 points. En cours de fabrication, les jurés contrôlent les pièces avant l’assemblage puis après le collage. Chaque étape et soigneusement analysée », se souvient-il.
Contrairement au concours du Meilleur apprenti de France – où Robin Françoise a obtenu une médaille d’or en 2015 dans la catégorie menuiserie en siège – les participants aux Olympiades des métiers doivent travailler devant un public et un jury de professionnels.
« Ce n’est pas la même dynamique, remarque-t-il. Je serai tenté de dire que n’importe quel élève motivé est en mesure de devenir meilleur apprenti tandis que les Olympiades demandent un investissement personnel et financier bien plus important. »
Mental de compétiteur
En participant à ces 45e Olympiades des métiers, Robin Françoise n’en est pas à son premier coup d’essai. En 2014, alors qu’il n’entame que sa deuxième année de CAP au lycée d’enseignement professionnel (Lep) de Revel, l’Ariégeois d’origine tente l’expérience des Olympiades.
Sélectionné au niveau régional, puis national, il finira neuvième de sa catégorie à seulement 17 ans. « À ce moment-là, je me suis rendu compte que ce n’était pas un petit concours. Les participants prennent cela très au sérieux, ils ont beaucoup de technique », remarque-t-il.
L’année suivante, le jeune homme s’inscrit à nouveau, s’offre la troisième place et intègre l’équipe de France d’ébénisterie.
Grâce à cette médaille de bronze et à mon statut de meilleur espoir, j’ai pu bénéficier des entraînements des deux champions.
Le compétiteur investit alors dans du nouveau matériel et redouble d’efforts, passant ainsi des semaines à s’exercer dans l’espoir de décrocher la médaille d’or. Et c’est chose faite puisque Robin Françoise s’envolera l’an prochain pour la Russie, sa médaille d’or autour du cou, où il représentera la France, du 22 au 27 août, pour la compétition internationale des Olympiades des métiers.
Revel, terre de l’ébénisterie
C’est à Revel, au lycée des métiers d’art, du bois et de l’ameublement, que Robin Françoise a fait ses débuts dans la profession. Doué de ses mains, et intéressé par les cours d’arts appliqués distillés au collège, le jeune Ariégeois décide de poursuivre ses études en empruntant la voie professionnelle. « C’est simple quand vous êtes fils d’agriculteurs de trouver de quoi bricoler à la maison. J’y ai pris goût ! », confie le jeune homme.
En 2012, il quitte donc son Ariège natale pour Revel où il intègre le lycée des métiers d’art, du bois et de l’ameublement. Il y suivra des CAP en ébénisterie, menuiserie en siège et en marqueterie et rencontrera son tuteur et mentor Pierre Vorms : « Il m’a beaucoup apporté en laissant son atelier ouvert nuit et jour. Tous les apprentis n’ont pas cette chance », reconnaît le jeune homme qui, à la rentrée de septembre, a intégré l’école de Boulle après avoir obtenu son brevet des métiers d’art (BMA) à Revel. « Jamais je ne me serai imaginé m’engager dans de longues études. La filière professionnelle m’a redonné goût à l’enseignement. »
Du côté de Revel, le personnel encadrant est fier de compter parmi ses anciens élèves un médaillé d’or : « Robin est vraiment très doué, c’est quelqu’un de fin et d’intelligent, souligne le proviseur François De Barros. Il a un brillant avenir devant lui, notamment grâce au parcours qu’il a suivi. La voie professionnelle est le chemin vers la réussite ».
Angélique Passebosc