
Gérard Brabant et ses amis de l’association « Les Bérets verts écologistes » sont convaincus de l’importance de remettre au goût du jour le métier de gardien d’immeubles. (©L’Eclaireur-La Dépêche)
Retraité de la Police Nationale, Gérard Brabant habite à Saint-Germer-de-Fly, près de Gournay-en-Bray. L’homme à la tête de l’association « Les Bérets verts écologistes » a écrit une lettre ouverte à l’attention des Préfets de l’Oise, de Seine-Maritime et de l’Eure. Il souhaite réhabiliter le métier de gardien d’immeubles ou de « concierge », un métier qui selon lui peut être la réponse à de nombreuses situations problématiques, en ville mais aussi en milieu rural.
Un gardien, c’est quelqu’un qui tisse du lien social. Un gardien peut redonner de l’harmonie à une résidence et c’est avant tout un métier de prévention. Il peut intervenir dès les premiers tags ou autres incivilités. Un gardien, c’est quelqu’un de confiance, un relais entre les habitants et les institutions, le garant d’un bien vivre dans son quartier. Le gardien peut rendre aussi de nombreux services comme réceptionner les colis. C’est vraiment un beau métier.
Parce qu’il estime que les zones rurales comme la nôtre peuvent fourmiller de bonnes idées à défendre sur le plan national, Gérard Brabant est convaincu du bien-fondé de son message.
« Il suffirait de construire des loges »
Nous en campagne, on peut être plus créatifs que bien des énarques.
Gérard Brabant sourit, mais plus sérieusement, l’homme poursuit dans son courrier :
C’est la raison pour laquelle l’association « Les Bérets Verts Écologistes » a mobilisé toutes les synergies pour présenter, au plus haut niveau de l’État, un projet citoyen, national, de création de très nombreux emplois de services « écologiques », dans le secteur de l’immobilier, sans intervention des budgets publics.
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Gérard Brabant le dit haut et fort :
On veut participer à l’immeuble de demain.
Et ses arguments ne manquent pas :
Aujourd’hui, les bailleurs ou co-propriétaires font appel à des entreprises pour une simple fuite d’eau, pour tondre le gazon, pour sortir les poubelles, pour changer une ampoule… Ça coûte une fortune. Alors qu’il suffirait de construire des loges en réquisitionnant un logement en rez-de-chaussée.
« Sans gardien, c’est l’anarchie »
Ainsi, il pense que chaque nouvelle réalisation ou réhabilitation devrait prendre en compte la mise à disposition d’un appartement pour les gardiens de demain. Selon lui, il faudrait un gardien pour 40 locataires ou propriétaires, et un couple au-delà de 80 habitants.
Il y a une multitude de petites formations dans plein de domaines, ce qui permet au gardien d’être polyvalent.
De par son parcours professionnel, Gérard Brabant connaît bien ce métier et les bienfaits qu’il apporte dans les quartiers.
Dans plusieurs endroits, des copropriétaires ont souhaité la fin de gardiens. Ils en sont revenus car ils se sont aperçus qu’il y avait plus de vols et moins de prestations de services.
Son initiative citoyenne, il espère qu’elle pourra trouver écho au plus haut niveau de l’État.
Dans l’attente d’être reçu par les services des préfectures sollicitées, Gérard Brabant de conclure avec cette simple phrase :
Sans gardien, c’est l’anarchie.

Patricia et Bruno (ici dans leur loge) habitent à Saint-Germer-de-Fly et sont gardiens depuis 15 ans en région parisienne.(©Bruno Margrit)
PORTRAIT D’UN COUPLE GARDIEN D’IMMEUBLES
Bruno et Patricia Margrit habitent à Saint-Germer-de-Fly. Chaque week-end, ils profitent de leur maison à la campagne. Mais en semaine, ils sont tous les deux gardiens d’un important ensemble en région parisienne. « Je suis le gardien principal pour un parc de 224 logements, de deux immeubles de bureaux, d’un hôtel et d’une galerie marchande incorporés dans l’ensemble et de 1 000 places de parking. Je gère du personnel et des entreprises extérieures. Mon rôle est de faire respecter le règlement de la copropriété, d’apporter du lien et de la sécurité » résume Bruno.
Avec son épouse, cela fait maintenant 15 ans que Bruno assure cette fonction pour laquelle la diplomatie et la fermeté sont selon lui les deux principales qualités à avoir quand on exerce ce métier.
« Il faut être ouvert à tout le monde, il faut savoir être cool, mais on ne doit pas laisser des choses se faire. Il y a quelques jours, des jeunes voulaient squatter, il a fallu gentiment faire le gendarme. C’est un métier que j’aime, car une journée ne ressemble jamais à une autre. Il y a des jours tranquilles et des jours où on court partout ». Bruno s’occupe de tout ce qui est technique et donne les ordres aux entreprises avec qui il travaille, tandis que sa femme gère l’administratif et le courrier qu’elle trie et distribue. « C’est un métier qui nous permet de gagner normalement notre vie, sans compter les étrennes qui sont un vrai bonus. J’ai souvent entendu des gens dire que les gardiens, ça coûtait cher. Mais je constate aussi que souvent des copropriétaires qui se sont séparés de gardiens, veulent en remettre un 3 ou 4 ans plus tard. Sans gardien, il y a nettement moins de services et moins de sécurité » observe Bruno qui n’hésite pas à recommander ce métier basé sur le relationnel et qui estime que la démarche des « Bérets verts écologistes » est une très bonne chose.

Frédéric Godebout nous livre son avis sur la question. (©L’Eclaireur-La Dépêche)
Du côté de la Gournaisienne. « Une idée intéressante mais… »
Pourquoi ne pas remettre au goût du jour les gardiens d’immeubles ? À cette question de Gérard Brabant et de ses collègues de l’association « Les bérets verts écologistes », le directeur de la Gournaisienne HLM estime :
C’est une question intéressante qui mérite que l’on prenne le temps de la réflexion.
Néanmoins, Frédéric Godebout estime que ce système n’est pas facile à mettre en place de nos jours et surtout pour une société comme celle qu’il gère. Cela voudrait dire un gardien par immeuble capable d’être polyvalent. Certes les formations existent.
Mais il faut savoir qu’aujourd’hui, même pour changer une ampoule, il faut une habilitation.
Et d’ajouter :
Sur le parc que gère La Gournaisienne, il y a plusieurs chaudières et le fonctionnement de certaines est très complexe. Dans des petits immeubles de ville, le système peut être rentable. Mais dans une structure comme la nôtre, je ne pense pas. Nous fonctionnons avec une femme d’entretien pour Gournay et Ferrières et un responsable de bâtiment sur Forges, Aumale, Foucarmont, Blangy, Grandvilliers et La Feuillie. Et lorsqu’il y a de gros soucis de logistique, nous faisons appel à des entreprises avec lesquelles nous avons des contrats.
Ce qui permet de réduire les coûts pour la société HLM, avec un surcoût moindre pour les locataires.