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La chronique du XV. "Alors, prêt ou pas prêt pour 2019 ?"

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Via sa chronique du 15, Cédric Coll vous permettra tout au long de la saison de vous mettre dans la peau d'un joueur pro.

Via sa chronique du 15, Cédric Coll vous permettra tout au long de la saison de vous mettre dans la peau d’un joueur pro. (©DR)

« Tout d’abord je vous présente à tous mes meilleurs vœux pour l’année 2019, la santé bien évidemment, et des rebonds favorables tous les week-ends.

L’année commence tambours battants pour le XV de France. Le Tournoi des 6 nations 2019 sera un dernier grand « test » avant la Coupe du monde au Japon en septembre. Bien sûr, comme vous tous, j’ai regardé la liste dévoilée par Jacques Brunel.

LIRE AUSSILa chronique du 15. « Je ne pensais pas être confronté au fait de pouvoir mourir sur mon terrain de jeu »

J’ai eu le plaisir de côtoyer Thomas Ramos lors de son passage en prêt à Colomiers, saison durant laquelle il a fini meilleur réalisateur de Pro D2, et éclaboussa de son talent le stade Michel-Bendichou.

Un tiers des joueurs de la liste de Jacques Brunel a connu la Pro D2 ou la Fédérale 1, c’est certainement qu’il y a quelque chose à creuser dans ce sens

Les prêts sont devenus à la mode ces dernières années et c’est très bien ! Félix Lambey disputa 28 matches sur 30 possibles lors de son prêt à Béziers durant la saison 2015/2016, et a pu ainsi exprimer pleinement tout son potentiel. C’est encore le cas cette année avec Demba Bamba, jeune champion du monde U20, recruté par le LOU et prêté dans la foulée à son club formateur de Brive.

Thomas Ramos félicité lorsqu'il était à Colomiers, avec Cédric Coll (en jaune au milieu).

Thomas Ramos félicité lorsqu’il était à Colomiers, avec Cédric Coll (en jaune au milieu). (©Icon Sport)

D’autres joueurs ont des parcours singuliers. Mathieu Bastareaud jouait encore à Massy en Fédérale 1 quand Bernard Laporte le convoqua pour une tournée avec l’équipe de France ; Yacouba Camara fut formé comme Bastareaud à Massy et après une saison pleine en Pro D2 explosa aux yeux du grand public du côté du Stade Toulousain.

Uini Atonio est arrivé à La Rochelle quand le club était encore pensionnaire de la deuxième division. Yoann Huget après sept matchs en trois saisons au Stade Toulousain, n’a pas eu peur de partir du côté d’Agen (alors en Pro D2) puis Bayonne (Top 14) avant de revenir en seigneur chez lui.

Pierre Bourgarit et Grégory Alldrit étaient tous deux au centre de formation d’Auch il y a tout juste deux ans, et jouaient principalement avec l’équipe réserve du club. Équipe qui clôtura sa saison par un titre de Champion de France cette année-là, ils n’avaient alors que 18 ans. Que seraient-ils devenus si Gregory Pattat l’Auscitain de La Rochelle, directeur du centre de formation rochelais à l’époque, ne les avaient pas récupérés après la dissolution du club ?

Que serait devenu Camille Lopez, maître à jouer incontesté de Clermont et du XV de France, si le président Laurent Marti et Vincent Etcheto n’était pas venu le chercher à Mauléon en Fédérale 1 ?

La Pro D2 et la Fédérale 1 sont de précieux laboratoires. Un tiers des joueurs de la liste de Jacques Brunel a connu la Pro D2 ou la Fédérale 1, c’est certainement qu’il y a quelque chose à creuser dans ce sens.

On l’a compris le Top 14 veut des stars, du spectacle, des stades pleins, et du beau jeu

Depuis 10 ans maintenant on entend parler des JIFF (joueurs issus de la filière de formation) depuis la saison 2013-2014. 16 joueurs non Jiff maximum sont autorisés dans les effectifs pros aujourd’hui. En 2022-2023, ce nombre sera réduit à 13, règle renforcée par des JIFF imposés par feuille de match.

Le constat est qu’aujourd’hui, plus de 40% des joueurs évoluant en Top 14 sont non JIFF, quand en moyenne on compte cinq joueurs étrangers par effectif en Australie, trois en Nouvelle Zélande et seulement un en Afrique du Sud.

Bernard Laporte, président de la Fédération Française de Rugby, souhaite réduire le nombre d’étrangers évoluant en Top 14, même s’il admet avoir fait complètement l’inverse lorsqu’il était manager du RCT.

Bernard Laporte avec Jonny Wilkinson lors de la période faste de Toulon.

Bernard Laporte avec Jonny Wilkinson lors de la période faste de Toulon. (©Icon Sport)

On l’a compris le Top 14 veut des stars, du spectacle, des stades pleins, et du beau jeu. Pour ce qui est de l’équipe de France, ce n’est pas vraiment son problème. Mais quand on voit la forme actuelle du Stade Toulousain, et la sélection de jeune joueurs formés au club, on se dit qu’il y a de l’espoir !

A l’heure de la naturalisation, ne serait-il pas pertinent de prendre des décisions drastiques au moins pour la Fédérale 1 et la Pro D2 et imposer cinq joueurs étrangers par club ? Cela donnerait la possibilité à beaucoup de joueurs d’avoir leur chance, l’accent serait mis sur la formation, et les clubs de Top 14 pourraient puiser dans ce « laboratoire » les futures « stars » de demain.

Alors oui, je suis certainement un doux rêveur, j’étais encore un jeune premier au centre de formation de l’USAP quand j’entendais Paul Goze parlait des JIFF, et je ne serais certainement plus rugbyman quand cela sera vraiment orienté pour valoriser les jeunes joueurs français, et non pas pour trouver des compromis avec les présidents de clubs de Top 14. Combien de Camille Lopez, d’Alldritt et Bourgarit auront traversé les terrains de Fédérale sans qu’un club ne leur prête attention ?

Continuons à accentuer les prêts et permettre à de jeunes joueurs d’éclore, allons chercher dans les catégories inférieures des joueurs à fort potentiel qui n’ont pas eu leurs chances, croyons en nos forces !

Grégory Alldritt va porter le maillot du XV de France pour la première fois.

Grégory Alldritt va porter le maillot du XV de France pour la première fois. (©IconSport)

Vous savez une carrière de rugby c’est beaucoup de « chance », il faut être au bon endroit au bon moment et avoir un peu de talent, mais pour ce qui est de la réussite collective il n’y a pas de hasard. Si les All Blacks dominent le monde du rugby depuis tant d’années malgré l’exil de leurs « superstars », c’est qu’il y a une vraie politique de formation derrière, où on donne la possibilité à ces jeunes talents d’éclore au plus haut niveau.

Nous venons d’être sacré champion du monde chez les U20 pour la deuxième fois (moins de 21 ans en 2006), ne répétons pas les erreurs passées, au contraire servons-nous en.

Continuons à accentuer les prêts et permettre à de jeunes joueurs d’éclore, allons chercher dans les catégories inférieures des joueurs à fort potentiel qui n’ont pas eu leurs chances, croyons en nos forces, n’allons pas chercher des solutions ailleurs, les réponses sont chez nous ! Maintenant il ne suffit pas de le dire, faut-il encore le faire.

Alors prêt ou pas prêt pour 2019 ? »


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