
Au Mée-sur-Seine, les six médecins de la maison médicale Balint accueillent entre 16 000 et 20 000 patients, selon l’URPS. La structure devrait prochainement évoluer (©La Rep 77/JVC)
L’Ile-de-France est la région la plus touchée par la désertification médicale. Et dans le détail, la Seine-et-Marne fait partie des pires départements français. La carte de zonage des médecins publiée par l’ARS en 2018 dresse d’ailleurs un tableau sans équivoque : les deux tiers du département sont dans le rouge, soit en zone d’intervention prioritaire.
Structures collectives
« Il y a plus de médecins par habitant en Lozère ou dans la Creuse qu’en Seine-et-Marne », souligne d’ailleurs David Bresson, salarié à l’URPS (Union régionale des professionnels de santé), en charge de l’aide à l’installation et des structures de groupe. Parmi les problématiques principales : la démographie médicale avec la question des départs en retraite des médecins, non compensés.
« Le modèle du médecin de famille qui s’installe dans un pavillon est en train de disparaître, insiste David Bresson. Les nouveaux médecins veulent désormais exercer en groupe pour tous les avantages que cela peut présenter. » Selon lui, plus de 90 % des nouvelles installations de médecins se font dans des structures collectives.

David Bresson présente la carte de zonage des médecins publiée par l’ARS pour 2018 (©La Rép 77/JVC)
Cabinet de groupe avec des médecins rassemblés, maison médicale ou encore maison de santé (label qui permet aux professionnels d’une structure de suivre le dossier médical de chaque patient au sein de l’établissement). Pour l’URPS, ces nouvelles pratiques comportent bien des avantages pour les médecins et professionnels de santé, mais aussi pour les patients.
Elles permettent déjà un gain de temps considérable pour les médecins. « En se regroupant, ils peuvent exercer avec des horaires plus souples, indique-t-il. Plusieurs médecins d’une même structure peuvent ainsi couvrir tous les horaires. » Cette mutualisation permet aussi de faciliter la prise de congés des praticiens, tout en assurant une permanence des soins.
Le caractère pluridisciplinaire de ces sites est un autre avantage avec des médecins généralistes qui peuvent côtoyer des spécialistes et professions paramédicales. Enfin l’URPS pointe également un aspect de sécurité, lié aux agressions de médecins de plus en plus fréquentes, la Seine-et-Marne n’échappant pas à la règle.
« Territoire du bout du RER »
« C’est une profession qui se féminise, le travail en commun peut aussi avoir un aspect rassurant face à des situations délicates », estime-t-il. Des agressions, verbales ou physiques peuvent être déclenchées par des motifs futiles comme un délai trop long pour une prise de rendez-vous. Mais dans la réalité, les médecins traitants seine-et-marnais sont très loin de la moyenne de 1 500 patients à gérer et la mutualisation de locaux peut être un moyen d’attirer de jeunes médecins pour répondre à une demande très importante.
Au Mée-sur-Seine par exemple, les six médecins de la maison médicale Balint ont une file active comprise entre 16 000 et 20 000 patients. « Ils reçoivent de 10 à 12 % de la population de l’agglomération Melun Val de Seine et la structure devrait bientôt évoluer », explique David Bresson. Un travail de longue haleine est d’ailleurs mené pour attirer des médecins dans le territoire. « Il faut aussi parfois démystifier la Seine-et-Marne, vue comme le territoire du bout du RER. »
Cet article est par dans La République de Seine-et-Marne du lundi 14 janvier dans le cadre d’un dossier sur l’offre de santé en Seine-et-Marne