
L’habitant de Villers-sur-Mer (Calvados) a été condamné par le tribunal de Lisieux (Calvados). (©Le Pays d’Auge)
Mercredi 23 janvier 2019, un homme de 20 ans était jugé en comparution immédiate au tribunal de Lisieux (Calvados) pour avoir défoncé la porte et s’être introduit chez ses parents à Villers-sur-Mer (Calvados).
Des relations compliquées avec ses parents et des condamnations
Il avait interdiction d’y paraître, dans le cadre d’une mise à l’épreuve prononcée dans un précédent jugement.
Le jeune majeur a déjà été condamné pour dégradation et violences sur ses parents le 29 août 2017, à 4 mois de prison avec sursis, puis le 13 février 2018 à 27 mois de prison dont 24 avec sursis et mise à l’épreuve. En mars 2018, il avait écopé de 4 mois de prison ferme pour outrage et rébellion contre les gendarmes de Villers-sur-Mer.
Peur de « finir à la rue »
Cette fois, les faits datent du vendredi 18 janvier 2019. Vers 9 h du matin, il téléphone à son père, car il souhaite passer au domicile de ses parents « pour prendre une douche et [se] changer ». Ces derniers, qui se préparent à partir à Lisieux (Calvados), refusent.
Mais leur fils, qui se décrit comme « entêté et têtu », les menace de venir quand même. En effet, en fin de matinée, leur voisine les prévient que leur porte d’entrée est défoncée. Quand les gendarmes se présentent au domicile, le midi, personne n’est à l’intérieur.
Le prévenu reconnaît les faits. Et pourtant, « tout se passait bien jusqu’à ce fameux jour » :
J’avais peur qu’ils ne m’aiment plus, de me faire rejeter et de finir à la rue.
« Pourquoi vous ne saisissez pas leur main tendue ? »
Depuis sa sortie de prison en juin 2019, le jeune homme a vécu chez une tante à Ifs (Calvados), chez une amie de la famille, puis ses parents lui ont trouvé un logement en face du leur à Villers-sur-Mer (Calvados).
Lionel Da Costa Roma, président du tribunal :
« On ne peut pas dire qu’ils faisaient tout pour couper les ponts, pourquoi vous ne saisissez pas leur main tendue ? »
« Il était sur la voie de la rédemption »
Le Villersois avait même tissé de nouveaux liens avec ses parents, et passait du temps avec eux. A la barre, le père témoigne, et évoque « le mal être » de son fils qui aurait « besoin de soins » :
On l’aime, on est prêt à faire beaucoup de choses pour lui. On lui a tout donné. Il vaut beaucoup mieux que ça, il est intelligent, quand il n’a pas deux fils qui se touchent… Il était sur la voie de la rédemption… Savoir mon fils en prison, je me dis que c’est un peu de ma faute.
Les relations entre eux se sont dégradés fin décembre 2018 : le prévenu avait alors repris sa consommation de cannabis, et cessait de se rendre à sa formation.
« Trois points essentiels » pour le ministère public
Christophe Bogliolo, substitut du procureur, met en avant « trois points essentiels » : le devoir de protéger les parents et le petit frère du prévenu, le fait que toute altération du discernement a été écartée par le psychiatre, et le non respect de sa mise à l’épreuve.
C’est pourquoi il requiert 4 mois de prison ferme et la révocation d’un sursis à hauteur de 2 mois, avec mandat de dépôt.
6 mois de prison ferme, avec bracelet électronique
Pour son avocat, maître Naviaux, placer son client en détention « le ferait repartir à zéro ». Il insiste sur « la grande amélioration » dans son comportement, jusqu’à la rechute :
Il s’est retrouvé dans un vide existentiel, ses vieux démons ont resurgi.
Le tribunal de Lisieux le condamne à 6 mois de prison ferme, et ordonne son maintien en détention. Il passera quelques jours à la maison d’arrêt de Caen (Calvados) avant d’être placé sous surveillance électronique.
Il devra suivre des soins psychologiques, chercher un travail ou une formation, et fixer sa résidence chez une amie de la famille.