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Seine-et-Marne. La femme qui avait tué son conjoint à Ozoir-la-Ferrière repart en prison

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L'avocat de la défense, Me Quentin Dekimpe, avec l'accusée

L’avocat de la défense, Me Quentin Dekimpe, avec l’accusée qui comparaissait libre (©A.G.B. – La Rep77)

Tout au long des trois jours d’audience, la lancinante question posée par l’ambiguïté des faits sera restée la même : pour quelle raison précise Adriana a-t-elle tué d’un coup de couteau en plein cœur celui qu’elle appelle encore son « mari » et qui n’était en fait que son concubin violent ? Et de cette lancinante question, dépendait en effet toute la compréhension de l’affaire. Une affaire avec mobile apparent mais sans raison avérée…

Dans un pays où une femme meurt tous les deux ou trois jours sous les coups d’un homme violent, et où chacun a encore en tête les conséquences de « l’affaire Jacqueline Sauvage », la mort (causée par des violences volontaires sans intention de la donner) jugée cette semaine aux assises de Melun, reposait la question insoluble du jugement serein et du discernement entre la coupable-victime et la victime-coupable. La première, coupable d’un meurtre mais victime de violences conjugales et l’autre, victime de ce meurtre mais coupable de ces violences. Elle posait également celle de la légitime défense face aux brutalités familiales dont certaines, on le sait, peuvent entraîner la mort.

Le contexte d’abord : Paolo Rodrigues Barboza et Adriana sont deux citoyens brésiliens vivant en France depuis quelques années. Lui est âgé de 31 ans lors des faits, apprécié de son entourage et dans sa profession de peintre. Elle, arrivée plus tard en France, a 38 ans et, faute de papiers, ne peut trouver de travail. Femme au foyer, elle est donc étroitement dépendante de son « mari ». Du couple est née une petite fille. Adrielly, une autre fille d’Adriana née d’une précédente union, âgée de 18 ans, vit également au domicile familial.

Coup de couteau dans le cœur

Le soir du 19 novembre 2015, vers 23 heures, dans leur pavillon d’Ozoir-la-Ferrière, Paolo meurt d’un coup de couteau au cœur donné par sa compagne. Celle-ci prétend que Paolo la battait régulièrement. Le soir du drame une dispute plus violente que d’habitude éclate.

Paulo, ivre, aurait alors frappé les deux femmes, les aurait bousculé sévèrement à tel point qu’Adriana, prise de panique et voulant sauver des coups Adrielly, se serait alors emparé d’un couteau de cuisine pour frapper son concubin à l’omoplate puis d’un coup en plein cœur.

La scène se passe en quelques minutes, juste après le dîner très tardif de Paolo qui, après le travail, a l’habitude de traîner dans les bars d’Ozoir avant de rentrer complètement saoul. Lorsqu’il reçoit les coups de couteau, Paolo est torse nu. La plaie du dos ne présente pas de danger réel mais la seconde, en revanche, ne lui laisse aucune chance puisque la lame fine pénétrant latéralement, a transpercé le cœur, provoquant une hémorragie.

Protagonistes

Durant les trois jours de procès, les jurés de Melun ont dû se faire une idée sur la personnalité des protagonistes : un homme connu pour son alcoolisme et sa violence mais apprécié d’une partie de son entourage et de l’autre, une femme qui s’est efforcée d’apparaître en martyr. L’un des problèmes souvent exposé à l’audience sera l’absence de preuves concernant cette maltraitance : pas de traces de coups, ni de blessures (même au lendemain de la dispute finale), pas de plaintes et peu de témoignages.

Comparaissant libre (elle a été libérée après plusieurs mois de détention provisoire), Adriana, maîtrisant mal le français, a dû s’expliquer laborieusement, souvent avec un interprète, sur son calvaire. Le calvaire d’une meurtrière (ce qu’elle n’a jamais nié), mais d’une meurtrière victime.

Condamnation

Dans le huis clos d’une famille brésilienne, aux traditions culturelles visiblement différentes, il a fallu toute la méthode de la présidente Frédérique Aline pour tenter d’extraire une vérité. Une vérité qui, en toute fin de procès, est apparue sous des angles radicalement différents pour l’avocat général, Denis Devallois, très offensif avec l’accusée, et pour l’avocat de celle-ci, Me Quentin Dekimpe. Le ton devait d’ailleurs monter suffisamment haut entre les deux hommes, pour entraîner une suspension de séance.

Requérant à la mémoire du défunt, qui dans cette affaire ne bénéficiait pas d’une plaidoirie de partie civile (sa famille trop pauvre, n’a pu venir du Brésil), l’avocat général demandait une peine entre 8 et 10 ans de prison contre l’accusée. Au final, les jurés ont condamné Adriana à 7 ans de prison. Elle repart donc derrière les barreaux.

J-F. C.


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