
En avril 2016, 130 personnes intéressées par la création d’une Ecole de Berlioz à Lannion s’étaient retrouvées au centre Savidan à Lannion. Aucun des quelque 20 projets en France n’a abouti. (©Archives)
30 avril 2016. Près de 130 personnes se retrouvent au centre Savidan, à Lannion, autour d’une belle idée : ouvrir une école pas comme les autres. Un projet porté par l’association A l’école de Berlioz, animée par une mère de famille d’Ille-et-Vilaine, Catherine Latrompette, et sa famille. Un peu partout en France, une vingtaine d’écoles doivent ainsi être créées. Le principe : un apprentissage autonome pour des enfants de 3 à 11 ans, basé sur la pédagogie Montessori et adapté aux dys, hyperactifs ou autistes. Et un fonctionnement coopératif pour assurer des frais de scolarité à hauteur de 30 euros. Enthousiasmant.
« Trois ans que c’est au point mort »
Depuis ? Rien. Ou plutôt, une immense désillusion et bien des questions pour celles et ceux qui se sont investis. Une mère de famille de Lannion témoigne :
Aucun projet n’a avancé. Trois ans que c’est au point mort. Tout s’est arrêté quand il s’est agi de trouver un local.
A la suite de la réunion d’information à Lannion, un groupe s’était constitué. « Il y avait une vraie demande ». Tout était alors au beau fixe : les rencontres avec Catherine Latrompette se succèdent, il faut bâtir le projet pédagogique et le règlement intérieur.
« C’était dingue. J’y ai passé tout l’été 2016, je ne faisais plus que ça. Le projet pédagogique avançait, on a commencé à chercher un lieu. On a pensé en avoir trouvé un au château de Kerninon, puis on a continué les visites à fond. Mais dès qu’on envoyait des photos d’un local à Catherine Latrompette il ne se passait plus rien, il y avait toujours quelque chose qui péchait. Et aucun contact avec les propriétaires. Du coup on a même proposé de faire une école itinérante en bus, mais là pas possible non plus ! »
« Ça manquait de transparence »
Pour autant, parents, amis, sympathisants ont été incités à cotiser pour devenir « parents éléphants », en somme mécènes. Et des formations « qu’on n’a jamais eues » ont été facturées 55 euros par personne… « Ça manquait vraiment beaucoup de transparence ».
« J’ai super mal vécu ce truc pendant des mois »
A Lannion, le groupe s’étonne, pose beaucoup de questions.
Dans le groupe, un vrai climat de suspicion s’est installé mais personne n’osait rien dire.
Les visites et les contacts avec la fondatrice s’espacent. « Clairement ça la dérangeait. Pour moi, elle était dans la fuite. Certains ont trouvé tout ça bizarre dès la première réunion d’information, je ne l’ai su qu’après. Moi, j’ai pris mes distances à partir de la rentrée de septembre-octobre 2016. J’ai super mal vécu ce truc pendant des mois ».
Des familles ont déménagé
Certaines familles ont payé cher leur investissement dans le projet : « L’école était supposée ouvrir en 2018, du coup elles ont déménagé pour être présentes sur Lannion à la rentrée. Et comme on nous a vendu que l’école serait promesse d’embauches, des gens qui pensaient être embauchés ont aussi déménagé ! »
Avec une dizaine de parents, la jeune femme a tourné la page de l’Ecole de Berlioz.
On s’est rendu compte que le projet n’était pas en adéquation avec nos valeurs et ce qu’on attendait pour nos enfants.
Ils ont donc monté un groupe avec de nouvelles personnes et une petite association pour leurs enfants qui ne vont pas à l’école. « Et j’ai recommencé à faire des visites d’écoles alternatives, dont une qui a pu ouvrir en moins d’un an. On a vu que ça pouvait être simple, et j’ai maintenant envie d’avancer là-dedans ».
Sur Internet, le site www.alecoledeberlioz.com est en maintenance. Et tandis que la colère des parents déçus monte, la fondatrice s’investit désormais dans une association contre le harcèlement scolaire.
Facebook A l’école de Berlioz Lannion.
« Tout est mis en oeuvre, notre effort se poursuit »
« Catherine Latrompette a pu rassurer sur l’avancée concrète du projet en indiquant qu’un lieu a été trouvé et que les démarches sont en bonne voie ! », lit-on en octobre 2017 sur la page Facebook du projet d’école de Berlioz à Lannion.
Suit pourtant un long silence qui n’a été interrompu que le 20 janvier dernier, alors que des groupes de parents qui se disent « bernés » ont commencé à s’exprimer dans plusieurs régions : « A l’école de Berlioz Lannion maintient sa présence et son engagement dans la réalisation de ce projet, assure « l’équipe de réflexions pédagogiques ». Tout est mis en oeuvre pour que notre école voie le jour et notre effort se poursuit. Nos démarches en faveur de l’obtention d’un local progressent et nous communiquerons là-dessus lors de l’officialisation. Merci pour la confiance que vous pourrez nous témoigner ». Depuis, aucune activité sur la page Facebook du projet d’école…