
Airbus est le premier employeur privé à Toulouse. (©Airbus)
À Toulouse, le groupe Airbus emploie 23 000 salariés au sein de la division Airbus Commercial Aircraft et 5 000 salariés au niveau de la division Airbus Defence and Space. Au total, en comptabilisant les fournisseurs, les sous-traitants, les sociétés de service… ce sont 46 000 personnes qui se déplacent quotidiennement sur l’un des dix sites du géant de l’aéronautique et du spatial dans la métropole toulousaine.
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Télétravail, horaires décalés, covoiturage, navettes… En attendant l’arrivée de la troisième ligne de métro, voici comment Airbus facilite la vie de ses salariés. Entretien avec Francis Trémolet, le responsable du plan de mobilité chez Airbus.
Actu Toulouse : Le nord-ouest illustre à lui seul la problématique des transports à Toulouse. Aux heures de pointe, le périphérique est littéralement congestionné à cet endroit de la métropole. Que fait Airbus face aux enjeux de la mobilité en ville ?
Francis Trémolet : « Nous travaillons sur ces sujets depuis le début des années 2000. Un comité de pilotage composé de membres de toutes les grandes directions du groupe a été mis en place, en lien avec les collectivités locales. Nous sommes ainsi en étroite collaboration avec Toulouse Métropole pour améliorer les infrastructures routières et la desserte de nos sites. Depuis 2017, Airbus a aussi fait le choix de mettre en place le télétravail. Au sein de la division Airbus Commercial Aircraft, près de 10 % des salariés y ont recours. Cela concerne principalement l’ingénierie et les fonctions support. Ces salariés ont la possibilité de travailler deux jours par semaine à leur domicile. Nous avons aussi développé le télétravail occasionnel, en prévenant sa hiérarchie cinq jours ouvrés avant le jour souhaité ».
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Actu Toulouse : Airbus est un acteur industriel. Le recours au télétravail n’est pas compatible avec l’activité de production…
Francis Trémolet : « C’est pourquoi nous avons aussi mis en place les horaires décalés. Ce dispositif permet de réguler les entrées et les sorties dans nos usines. Outre l’impact positif sur le trafic routier, nos salariés trouvent plus facilement de la place dans les parkings. Concernant notre usine Saint-Eloi, en centre-ville, nous offrons 100% de remboursement de la carte transport Tisséo à nos salariés qui prennent les transports en commun. Par ailleurs, Airbus dispose de ses propres navettes de bus. Nous comptabilisons sept lignes de navettes inter-sites et sept lignes de bus externes, dont une liaison particulièrement fréquentée entre la gare Matabiau et l’usine Saint-Martin ».
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Actu Toulouse : Le réseau des transports en commun est-il défaillant ?
Francis Trémolet : « Disons plutôt que l’offre est complémentaire de celle de Tisséo. La ligne entre Matabiau et Saint-Martin représente actuellement 900 déplacements par jour. Nous allons d’ailleurs augmenter la fréquence de cette navette avec un passage toutes les 10 minutes (contre toutes les 15 minutes actuellement) sur un créneau entre 7h30 et 8h30, du lundi au vendredi. Avec la mise en service de la troisième ligne de métro, ce service que nous rendons aux salariés n’aura plus de sens. La ligne sera alors supprimée ».
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Actu Toulouse : Avez-vous une idée du nombre de salariés qui se déplacent seuls en voiture pour se rendre au travail ?
Francis Trémolet : « La dernière enquête sur la mobilité, réalisée en juin 2018, indique que 69 % des sondés utilisent la voiture (contre 76 % en 2012). Environ 10 000 personnes ont participé à ce sondage. Désormais, ce sont 11 % des personnes sondées qui utilisent le vélo dans le cadre de leur déplacement entre le domicile et le travail. Au point de devoir aménager de nouveaux espaces pour les parkings pour vélos ! Précisons aussi qu’Airbus met à disposition des voitures en autopartage pour les déplacements entre les sites. Le service est gratuit, il permet d’éviter d’utiliser sa voiture personnelle. Nous encourageons également le covoiturage développé dans le cadre du projet Commute, projet inter-entreprises avec un Partenariat Public Privé : la plateforme Karos a été mise en place en septembre 2018 avec Safran, ATR et l’aéroport Toulouse Blagnac.
Actu Toulouse : Concernant le développement du vélo, les infrastructures cyclables sont-elles suffisantes ?
Francis Trémolet : « La moitié de nos effectifs habite dans un rayon de dix kilomètres. La preuve s’il en est de l’intérêt à développer un réseau de pistes cyclables. D’autant que le vélo avec assistance électrique encourage la pratique. Actuellement, de nombreux salariés renoncent au vélo car trop risqué. Des efforts sont à faire pour séparer les pistes des flux routiers et garantir une continuité du réseau. À ce titre, il faut saluer l’aménagement d’une piste, chemin du Chèvrefeuille, à proximité de l’usine Louis Bréguet. Elle a été mise en service en janvier 2019. Mais de nombreux points noirs demeurent et la sécurité des usagers n’est pas assurée, notamment le contournement de l’aéroport. Nous souhaitons voir se réaliser le tronçon entre Colomiers et Cornebarrieu, qui permettrait de boucler le tour de l’aéroport. La route actuelle est dangereuse, or du foncier est disponible pour cet aménagement qui bénéficierait aux habitants des deux villes concernées. Pour nous, ce projet est une priorité.
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Actu Toulouse : Quels sont vos liens avec la métropole ? Êtes-vous suffisamment entendu ?
Francis Trémolet : « Nous sommes en lien avec Toulouse Métropole au sujet des infrastructures routières. En décembre 2016, un passage sous le Fil d’Ariane a été ouvert afin de décongestionner les ronds-points de Saint-Martin et Dewoitine. La bretelle de Colomiers, sur la RN124, a fait l’objet d’une opération de réaménagement en 2018. Et dans le cadre du Plan d’aménagement des routes métropolitaines (Parm), nous avons pu rappeler aux élus de la métropole quelles étaient nos priorités sur la zone aéroportuaire, en particulier le prolongement de la Voie lactée, le prolongement de la RD63 et un nouveau pont sur la Garonne.
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Actu Toulouse : La question des transports a été le thème majeur des dernières municipales. Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse, promet une troisième ligne de métro pour 2025. De quelle manière contribuez-vous à la réalisation d’un tel projet ?
Francis Trémolet : « Au titre de la taxe transport, Airbus contribue largement au développement des transports publics à Toulouse. Pour nous, cette troisième ligne de métro entre Colomiers et Labège est la meilleure solution pour décongestionner les routes. Nous attendons sa réalisation avec impatience. Inutile de rappeler que nous bénéficierons d’une station de métro sur le parking de l’usine Saint-Martin et une autre station à l’entrée du site de Colomiers, au niveau de la Fontaine lumineuse. Par ailleurs, nous participerons aux réunions techniques de Tisséo engineering. La troisième ligne passe sur notre foncier, cela implique la démolition de deux bâtiments pour Airbus. Le projet suppose d’importants travaux qui auront nécessairement des conséquences sur la circulation mais que nous accompagnerons.»
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