Le 17 août 2018, Denis et Jacques* se sont rendus du côté de Saint-Céré, pour, selon leurs dires, acheter une voiture repérée sur un site internet. « Mais comme nous n’avons pas fait affaire, nous avons décidé de faire un peu de tourisme ; nous avons vu le panneau « Loubressac un des plus beaux villages de France » et nous y sommes allés ! ». Sauf qu’après leur passage, de l’argent s’est volatilisé ; 350 € dans le tronc de l’église et 150 € au café du bourg.
Ils étaient partis pour acheter une voiture…
Ce jour-là à Loubressac se préparait un mariage à l’église et le groupe qui s’affairait à la décoration des lieux fut intrigué par les allées et venues des deux hommes, qui n’avaient pas à leurs yeux, une allure d’enfants de chœur. À tel point que, faisant mine de photographier les compositions florales, ils prirent en photo les deux compères, sans oublier de relever le numéro d’immatriculation de leur véhicule, le tout transmis illico presto à la gendarmerie.
Interceptés par les gendarmes, alors qu’ils avaient déjà repris la route, Denis et Jacques contestent les faits reprochés. Ils expliquent qu’en passant à l’église, ils ont fait une prière et qu’en mettant une pièce dans le tronc, celui-ci se serait ouvert. Comme par miracle !
Quant à la voiture qu’ils seraient venus essayer ? Que nenni ! « Comme elle faisait du bruit, finalement on ne l’a pas prise ! » avaient-ils assuré aux enquêteurs.
Quant aux billets retrouvés sur eux, l’un d’eux avait soutenu mordicus que ceux-ci provenaient d’une vente de calendrier ! « Alors qu’au mois d’août, l’année est presque finie ! » commente la présidente Gwenaëlle Leclerc. Le second avait pour sa part déclaré que cet argent devait servir à acheter une machine à laver… La présidente balaye d’un revers de main toutes ces fadaises et demande aux deux prévenus les yeux dans les yeux : « Et maintenant quelle est votre version ? »
À présent tout penaud, les deux hommes font marche arrière ! Ils déclarent :
– « En fait, les gendarmes nous ont fait peur, on a cru qu’ils allaient nous mettre en prison ! Mais c’est bien nous qui avons volé l’argent ».
La présidente indique aux deux hommes que ça va mieux comme ça. Denis compte deux mentions au casier judiciaire et Jacques en totalise déjà cinq, notamment pour vol. Tous deux perçoivent le RSA. L’un n’a pas d’emploi et l’autre a créé une micro-entreprise dans le domaine des espaces verts et la vente de produits sur les foires et marchés. « Mais ça rapporte pas beaucoup ! » précise-t-il.
– « Vous avez compris que votre intérêt n’est pas de mentir ! » se félicite Cécile Lasfargues, vice-procureur de la République. Elle retient cependant la récidive pour chacun d’eux et requiert une peine d’emprisonnement de trois mois ferme et confiscation des sommes d’argent.
Quant à l’avocate des deux prévenus, elle fait valoir que chacun d’eux est père de deux enfants et qu’ils sont à présent en situation de se prendre en charge. « C’est l’occasion qui a fait le larron ! » estime-t-elle, en sollicitant l’indulgence du tribunal.
Denis et Jacques écopent d’une peine de deux mois de prison avec obligation d’accomplir un travail d’intérêt général.
JEAN-CLAUDE BONNEMÈRE
* Les prénoms ont été changés.