
Anciens présidents, président et directrice actuelle, nostalgiques, devant la coopérative.
Alors même que le Salon de l’agriculture a ouvert ses portes le week-end dernier, un brin de nostalgie était perceptible, vendredi 22 février 2019, devant la Crimart – la coopérative légumière de Criquebeuf-Martot – qui était présente au salon en 1964.
Thierry Delamare, le maire de Criquebeuf-sur-Seine, a réuni, vendredi, plusieurs de ses concitoyens ayant un point commun : la Crimart.
Mais Pourquoi le maire a-t-il invité Guy Cartier, Phillipe Labiffe et consorts ? La coopérative légumière Crimart est presque soixantenaire, puisque créée en 1961, le jour de la fête du Travail. Dès 1964, elle participait au salon de la porte de Versailles fréquenté chaque année par près de 700 000 visiteurs.
C’est là que les célèbres « monstrueux d’Elbeuf » et autres « carottes de pleine terre » faisaient l’admiration des visiteurs anonymes ou plus connus comme Henri Rochereau, alors ministre de l’Agriculture, qui n’a pas manqué de féliciter Jean-Louis Delamare, le président fondateur de la coopérative locale.
Des livraisons vers l’est
« Au début des années 1960, la région elbeuvienne en général et nos deux communes en particulier, étaient particulièrement florissantes en matière de culture maraîchère. Les quelque 80 agriculteurs se sont très vite aperçus qu’ils n’avaient pas d’autre choix que de se regrouper pour optimiser les récoltes. C’est ainsi qu’un certain Jean-Louis Delamare, mon papa, créait avec quelques amis la Coopérative légumière Crimart (condensé de CRIquebeuf-MARtot) », a raconté Thierry, le fils.
Très vite, le succès et le fonctionnement de la structure allaient attirer les grossistes qui venaient même de la région parisienne pour écouler plus sûrement leurs légumes. Ces derniers intéressaient particulièrement la région de l’Est, et même l’Allemagne. « Je me souviens d’un légume particulièrement prisé à l’époque : le pissenlit, dont on en cultivait des hectares. Nous chargions les wagons à la gare de Saint-Aubin-lès-Elbeuf. Ce sont des palettes entières qui partaient, fraîches et arrivaient aussi fraîches », se souvient, nostalgique, Daniel Dautresme, l’un des présidents qu’a connu l’organisation (parmi lesquels on peut citer Guy Cartier et Philippe Labiffe, actuellement en place).
Un avenir morose
La mécanisation des élevages a conduit de nombreux agriculteurs à se tourner vers la culture maraîchère. Pour rentabiliser celle-ci, les « derniers survivants » rachetaient des terres, cultivant des producteurs de légumes de plein champ. Les livraisons vers l’est allaient diminuer, et les ventes se concentrer sur les marchés locaux, notamment Rouen. « Actuellement, nous livrons encore et surtout les centrales d’achat. Nous approvisionnons essentiellement des grossistes qui viennent de la région parisienne, sûrs de la qualité de nos produits », explique Chantal Prot, la directrice.
Lors des discussions qui ont suivi les discours, les personnes présentes ne se montraient pas franchement optimistes quant à l’avenir de la culture maraîchère locale, et aux diverses mesures prises dans la réglementation. Et même si chacun se défend de pratiquer une culture bio au sens commercial actuel, tous en convenaient : « continuons de cultiver naturellement, c’est la seule chance de survie de la Crimart ».
Et si, un jour, elle était, comme en 1964, à nouveau porte de Versailles ?