
La préfète de Seine-Maritime a pris, mardi 12 mars 2019, un arrêté interdisant les manifestations sur le rond-point des Vaches, à Saint-Étienne-du-Rouvray, un des bastions du mouvement Gilets jaunes. (©SL/76actu/Archives)
C’est un des lieux symboliques du combat des Gilets jaunes. Depuis 117 jours, le rond-point des Vaches à Saint-Étienne-du-Rouvray (Seine-Maritime) est occupé quasi quotidiennement par les militants du mouvement, et ce malgré les évacuations récurrentes par les forces de l’ordre. Mardi 12 mars 2019, la préfète de Seine-Maritime Fabienne Buccio a décidé de prendre un arrêté (page 51 de ce document) interdisant les manifestations et rassemblements sur ce rond-point de l’agglo de Rouen et dans un périmètre alentour de 300 mètres.
🔵 #GiletsJaunes. Par arrêté, la @Prefet76 interdit les manifestations et rassemblements sur le rond-point des Vaches, dans l'agglo de #Rouen jusqu'au 18 mars, 9h – @76actu pic.twitter.com/j7EZsBCo8l
— Julien Bouteiller (@j_bouteiller) March 12, 2019
Six mois de prison et 7 500 euros d’amende encourus
Cet arrêté doit prendre fin lundi 18 mars à 9 heures, et ceux qui ne le respecteraient pas s’exposent, pour les organisateurs, à six mois d’emprisonnement et jusqu’à 7 500 euros d’amende et pour les participants à une contravention de 38 euros.
La préfète rappelle que les rassemblements sur le giratoire n’ont fait l’objet d’aucune déclaration en préfecture depuis le début du mouvement et pointe des « risques avérés et graves » pour les manifestants et les usagers de la route.
Fabienne Buccio justifie également cette interdiction par les différents incidents qui ont pu survenir sur ce rond-point depuis le 17 novembre 2018 : entre autres, l’effraction dans un magasin, l’agression d’une femme enceinte ou bien l’attaque d’un camion bulgare.
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« Pas de dialogue possible »
Benoît Lemaire, directeur de cabinet de la préfète, va plus loin et pointe l’attitude des manifestants du rond-point des Vaches. « Il arrive un moment, quand a essayé de discuter, qu’on a utilisé toutes les méthodes possibles pour assurer la sécurité routière, qu’on voit des délégations de Gilets jaunes qui assurent qu’ils ne vont pas bloquer mais qui bloquent malgré tout, que la seule réponse qu’on a est ‘c’est la faute à Macron’, on en arrive à cette solution », explique-t-il.
Il n’y a pas de dialogue possible, pas la moindre considération pour les autres et la vie humaine. La semaine dernière, des tranchées ont été creusées, c’est irresponsable.
Un arrêté avant un « week-end décisif »
« Il y a énormément de mensonges dans ce qui est dit », rétorque Olivier Bruneau, porte-parole des Gilets jaunes du rond-point des Vaches. « On a toujours été considéré comme un groupe pacifiste. Les autorités savent très bien que ces faits, pour la plupart nocturnes, viennent de gens de quartiers populaires qui n’ont rien à voir avec nous. »
En terme de décrédibilisation, il n’y a rien de mieux que de nous attribuer des choses qu’on n’a pas faites.
Pour le porte-parole, la préfecture « met de l’huile sur le feu, à l’approche d’un week-end décisif » où les Gilets jaunes sont appelés à se réunir en masse à Paris, à l’occasion de la fin du grand débat national. Ce que nie Benoît Lemaire à la préfecture : « cela ne nous a même pas traversé l’esprit ».
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Olivier Bruneau promet de toute façon une réaction rapide, avec un recours au tribunal administratif pour contester l’arrêté de la préfète, à l’instar de ce qui avait été fait dans l’Eure en janvier dernier. « On est dans une guerre d’usure », affirme-t-il. « Mais après 117 jours, on ne lâche toujours rien. » Mercredi 13 mars 2019, sur des vidéos postées sur les réseaux sociaux, on peut voir des ouvriers s’atteler à la destruction de l’énième cabane des Gilets jaunes sur le rond-point des Vaches.