
Le chef étoilé Yannick Delpech n’a toujours pas rouvert L’Amphitryon, deux mois après l’incendie qui l’a frappé près de Toulouse. (©DR)
Il vit un début d’année 2019 compliqué. Depuis fin janvier, Yannick Delpech n’est plus trop derrière ses fourneaux, mais davantage dans les papiers pour les assurances et dans l’attente de l’avancée de l’enquête policière. Le 28 janvier 2019, le restaurant du chef étoilé L’Amphitryon, situé à Colomiers (Haute-Garonne), est en partie incendié. Un sinistre qui se produit deux jours après que son établissement ait été tagué, mais aussi cambriolé.
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Le point de départ ? Des publications sur Facebook, avec son compte, dans lesquelles il condamnait les violences en marge des manifestations des gilets jaunes. Près de deux mois après, le chef fait le point sur sa situation, dans une interview accordée à Actu Toulouse.
« Il faut que je remonte la pente »
Actu Toulouse : tout d’abord, dans quel état moral êtes-vous depuis ces événements ?
Yannick Delpech : « J’essaie de passer outre. J’étais complètement abattu pendant une quinzaine de jours. Mais je n’ai pas le choix. Il faut que je remonte la pente et que j’avance. Alors, je me force ».
Justement pour avancer, vous aviez annoncé vouloir prendre rapidement une décision quant à votre avenir. Qu’en est-il ?
Y.D. : « Aujourd’hui, je n’en suis pas là. L’enquête est en cours. Je ne peux même pas trop avancer sur les devis pour les travaux. Et ça ne m’arrange pas parce que financièrement, ça devient compliqué. Surtout, ça touche tous mes établissements. J’essaie de trouver des solutions avec les assurances pour être vite fixé. Il n’y a pas encore de décision sur la réouverture ».
« Est-ce qu’on reste à Colomiers ? »
Quelles sont les pistes étudiées pour l’avenir ?
Y.D. : « Pour la sécurité, la première solution serait de déménager, car le restaurant est dans un endroit isolé. La question, c’est véritablement : si on ne les attrape pas, est-ce qu’on reste à Colomiers ? Mais je ne rouvrirai pas sans mon équipe, car ça voudrait dire repartir de zéro. J’espère trouver une solution d’ici trois semaines, un mois ».
Où en est l’enquête sur l’incendie de L’Amphitryon ?
Y.D. : « Le juge d’instruction chargé de l’enquête est sur le dossier. Je ne suis pas trop au courant quotidiennement. Ils m’appellent simplement quand ils ont des éléments nouveaux. Concernant les pistes, ils les étudient toutes : personnelles, professionnelles, gilets jaunes… Mais ce ne sont pas des gilets jaunes qui ont fait ça. C’est un groupuscule ».
Quelle est clairement votre position par rapport au mouvement des gilets jaunes ?
Y.D. : « En tant que commerçant, j’ai des choses à reprocher au mouvement, car c’est inadmissible de bloquer le centre-ville tous les samedis. Après, les revendications, je les comprends. Je sais combien gagne un salarié. Ce que je déplore, c’est la dérive. Des gilets jaunes pointent du doigt, mais n’ont pas connaissance de nos histoires et de nos problèmes ».
30 salariés au chômage technique
Est-ce que vous regrettez vos propos sur les réseaux sociaux ?
Y.D. : « Pas du tout, je ne les regrette pas. Je me suis dit : si je n’ai plus le droit de dire ce que je pense… Et puis, j’ai simplement pointé du doigt la dérive raciste et anarchiste du mouvement ».
Vous avez une trentaine de collaborateurs au chômage technique. Comment vont-ils ?
Y.D. : « Ils sont dépités. Ils ont 30% de salaire en moins. C’est compliqué pour quelqu’un qui gagne 2 000 € par moi, qui a des emprunts, une famille, des enfants… Et moi je ne peux pas combler ce déficit. J’ai deux mois de chiffre d’affaires en moins ».
Pourrait-on vous voir vous lancer dans un nouveau projet ?
Y.D. : « Non, ce n’est pas possible. Je ne vais pas réinvestir dans quelque chose, sachant que je ne sais pas combien je vais pouvoir toucher des assurances. Et puis, les banques ne me suivraient pas… ».