
Mathilde et Antoine avec leur père Pierre à l’aéroport de Montréal. (©Le Réveil de Neufchâtel )
Le Réveil : Pour quelle raison êtes-vous parti à l’étranger ?
Antoine Lemaitre : Au départ, c’était pour un stage d’étude dans un laboratoire de recherche à l’université UBC Vancouver pendant ma 4ème année d’école d’ingénieur. Puis, grâce à mon école, j’ai eu l’opportunité de faire un double diplôme à Montréal. J’ai choisi le Canada pour ses grands espaces et ses saisons bien marquées. Le Québec est une région vraiment intéressante, car vous avez l’impression que c’est un mélange entre la culture américaine et européenne. La communauté française y est très développée, on ne perd pas ses marques.
Mathilde Lemaitre : A l’époque, je vivais à Amiens, je commencais mon master 1 de psychologie à l’université d’Amiens. J’ai quitté la France, car j’avais soif de vivre, d’apprendre sur le monde, sur les personnes et peut être aussi sur moi même. Certainement, j’ai ressenti à un moment le besoin de repousser mes limites, de me confronter à l`inconnu. J’ai parlé de mon désir à mon grand frère Antoine qui avait déjà fait la demarche quelques années auparavant. Il a pris le temps de discuter avec moi des possibilités qui s’offraient à moi. Je ne voulais pas laisser tomber mes études. J’ai alors commencé les démarches pour les poursuivre au Canada. J’ai été admise pour la rentrée de janvier 2015 maitrise de recherche en psychologie de l’Université de Montreal.
Le Réveil : Où vivez-vous précisément actuellement et quelle fonction occupez-vous ?
A.L : Je vis à Montréal depuis 7 ans maintenant. J’ai créé une startup juste après mes études avec 3 amis ( Un Russe, Un Français, Une Québécoise ) qui s’appelle Beeye. www.mybeeye.com Nous sommes 25 dans l’entreprise maintenant, nous avons été élu l’une des 9 startups les plus innovantes du Canada et Microsoft vient de rédiger un article sur nous il y a quelques semaines.
Mathilde Lemaitre : Je vis à Montréal depuis mon arrivée en Janvier 2015, dans un appartement que j’occupe seule, pas très éloigné de chez Antoine. Les Québécois tiennent beaucoup à leur francophonie. Je m’arrête sur ce détail car cela a indéniablement facilité mon intégration, mes démarches administratives, le déroulement de mes études et l’acquisition de mon emploi. J’ai donc réalisé mon cursus à l’université de Montréal où j’ai eu le privilège d’intégré un laboratoire de recherche: le CRIPCAS, le centre de recherche interdisciplinaire des problèmes conjugaux et des agressions sexuelles. J’étais chercheur membre du laboratoire pendant les deux ans durant lesquels j’ai fait ma recherche et écrit mon mémoire. J’ai soutenu les résultats de ma recherche en juin 2017 et obtenu à la suite ma maîtrise en septembre 2017. Je suis également bénévole dans un organisme qui s’appelle la maisonnée dont la mission première est de faire de tout résident Canadien un citoyen à part entière, notamment en aidant les immigrants à devenir le plus rapidement possible autonome et de mettre à contribution leur potentiel.
Le Réveil : Au quotidien, quelles différences constatez-vous avec la France ?
A.L : Les Québécois sont vraiment accessibles, accueillants et chaleureux. Très respectueux des règles de base de la vie en société. Au Québec les gens mangent plus tôt ou quand ils ont faim. Ils roulent en voitures automatiques. Les gens sont très sensibles à l’environnement, ils recyclent, compostent, prennent les transports en commun. C’est une tendance qu’on retrouve partout, mais je la trouve très forte ici. La France reste quand même au top côté gastronomie. Vous mangerez beaucoup de plats du monde entier au Québec car c’est très cosmopolite, mais quand je rentre en France je pourrais passer ma vie à table à déguster les plats de toutes nos régions.
M. L. : Montréal est pour moi une ville dans laquelle il fait bon vivre mais l’hiver est rude, le thermomètre peut descendre à – 40 degrés pendant la période la plus froide et nous avons une moyenne de -15 -20 degrés tout au long de l’hiver. Un gros point positif est l’impression de sécurité que l’on a en vivant ici. Contrairement à la France, ici je me sens libre de voyager seule, de rentrer chez moi à l’heure qui me convient. Beaucoup de gens ici ne verrouillent pas la porte de leur maison quand ils sortent de chez eux. En tant que femme, je me sens également plus respectée, il serait très mal vu ici d’accoster ou de siffler une femme dans la rue. Je ressens aussi beaucoup moins de jugement, le monde a un esprit moins conservateur et sont moins portés à juger en fonction de l’apparence, la tenue, l’orientation sexuelle… C’est une société moins élitiste, elle laisse à chacun les mêmes chances pour réussir.
Le Réveil : Revenez-vous souvent en France ?
A.L : D’un point de vue personnel, j’essaie de rentrer au moins une fois par an pour retrouver ma famille. Nous avons un pays magnifique, j’essaie de visiter un peu plus à chaque fois que je rentre. Côté professionnel, nous nous dirigeons vers l’international et nous voulons prouver à des futurs investisseurs que notre outil peut répondre aux besoins des entreprises du monde entier. Au courant de l’année 2018, mon but est de commencer par explorer le marché Francophone européen. Je pense travailler de plus en plus avec les entrepreneurs Français afin d’échanger sur nos différentes pratiques d’affaires et s’aider dans nos projets commerciaux et technologiques.
M.L : Dans la mesure du possible, j’essaie de rentrer au moins une fois par an en France pour rendre visite à ma famille. Le fait de vivre ici leur donne aussi l’opportunité de venir et mes parents et mon petit frère aiment beaucoup ca. Ce n’est pas toujours facile mais on essaie de faire au mieux malgré l’océan qui nous sépare.
Le Réveil : Pensez-vous vivre à nouveau en France, prochainement ou dans le futur ?
A.L :Je ne pense pas, j’ai trouvé un bel équilibre en habitant en Amérique du Nord et en voyageant régulièrement en Europe pour le travail et la famille. Ça me convient parfaitement.
M.L :Comme mon frère, je ne pense pas non plus revenir vivre en France. Beaucoup de concessions, d’efforts et de patience ont dû être nécessaire, mais désormais j’ai trouvé un bel équilibre ici. C’est ici que j’ai ma vie, ma maison, mon travail, mes occupations, mes amis, mon copain, mes repères … c’est ici chez moi maintenant.