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Nadau sera en concert demain et samedi à Marmande (©DR)
Qui n’a jamais entendu un refrain de Nadau ? L’Encatada – peut-être un des plus célèbres – inonde de bonheur et d’ivresse toutes les ferias du Sud-Ouest. Parfois même bien au-delà.
Elle est devenue aussi incontournable des courses landaises. « Mon Dieu que j’en suis à l’aise », « De cap tà l’immortela », « Saumon » et bien d’autres encore.
Depuis 45 ans, Nadau partage son bonheur et sa joie de vivre sur scène. Son public le lui rend bien.
Un phénomène intergénérationnel
Le succès ne se dément pas. Marmande n’échappe pas à ce phénomène intergénérationnel. L’annonce de sa venue a déclenché l’hystérie. Les billets se sont arrachés en quelques heures obligeant la mairie à demander au chanteur de se produire à nouveau le lendemain
A Marmande, demain et samedi, le chanteur occitan lance sa temporada 2019. Jean de Nadau répond, sans détour, aux questions du Républicain à quelques jours de sa venue dans la cité de la tomate.
Comment l’aventure Nadau a-t-elle démarré ?
C’était dans des temps très reculés, dans les temps préhistoriques (rires…). On sortait de 68, on se retrouvait entre instituteurs à l’école normale à Tarbes. J’étais formateur et les autres formatés. On s’est retrouvé à ce moment-là. Il y avait cette volonté de changer le monde. Une redécouverte dans le monde moderne de l’époque. Les événements de 68 avaient fait naître des espoirs de faire changer le monde, sur la mémoire, d’où on venait et aussi un besoin d’enracinement. Un mélange très bizarre en fait. Voilà comment cette aventure a été lancée en 1973.
45 ans après, le succès est toujours au rendez-vous. Comment expliquez-vous cette longévité ?
C’est parce qu’on n’a jamais été à la mode. Notre longévité, c’est ça. Mais je dois avouer :
maintenant, je trouve qu’on est un peu à la mode. Cela m’inquiète. «
Mais après un peu plus de quatre décennies sur scène, il n’y a pas de lassitude ?
Je crois que non. Nous sommes des chanteurs de scène privilégiant le contact avec le public. De faire des disques, cela m’a toujours profondément ennuyé. Mais il fallait en faire pour laisser des traces. Moi, c’est le contact avec les gens que j’aime. À la fin d’un spectacle, je les remercie pour leurs éclats de rire, leur silence et parfois leurs larmes. D’ailleurs, un concert se mesure à la qualité des silences.
Que voulez-vous dire ?
Le silence, c’est l’écoute. Comme quelque chose de suspendu. Ça pénètre profondément dans les gens. Les applaudissements, ça fait plaisir mais avec les silences, il se passe quelque chose.
Comment expliquez-vous votre caractère multigénérationnel ?
J’ai bien conscience que nous sommes des chanteurs à part. Tout est découpé en tranches d’âge : moins de 10 ans, adolescent, 20-30 ans, etc… On échappe à ce genre de découpage.
Un jour, un jeune m’a dit : « je viens avec mes parents au concert. Tu dis des choses que je voudrais leur dire mais je n’y arrive pas ».
Pensez-vous que Nadau est aussi un hymne à la vie et à la fête ?
C’est un hymne à la vie, très certainement. La fête, je ne sais pas. Le concert, c’est autre chose. C’est une espèce de miroir qu’on met devant les gens. Je résume un peu ce que va dire la chanson avant de chanter. Tout ce que j’ai mis dedans, ça leur renvoie une image d’eux-mêmes. Les gens entrent alors dans leur propre histoire, que ce soient des moments gais ou tristes. D’ailleurs, nous avons de nombreuses chansons qui sont jouées aux enterrements, mariages ou baptêmes.
Elles accompagnent la vie des gens, c’est leur propre miroir. »
Avez-vous la même passion qu’au premier jour ?
Oui tout à fait avec plus de métier. J’ai appris à savoir ce qu’il ne fallait pas faire sur scène.
Et alors, qu’est qu’il ne faut pas faire ?
Éviter de prendre le micro pour un outil à faire changer le monde. On ne monte pas sur scène pour dire aux gens ce qu’ils ont à faire. Avoir cette humilité de dire, je pense ça, je ressens ça. Mais, on n’est pas obligé de ressentir. Les Nadau, ça appartient à tout le monde. Je ne suis pas là pour profiter du pouvoir dérisoire que donne un micro. Un concert, c’est fait pour tous les niveaux, tous les âges. Ça doit être fédérateur.
Il faut du coeur pour chanter ?
Ah, c’est primordial de chanter avec son coeur. En fait, c’est une petite fille de neuf ans qui m’a posé des questions pour son école. Elle m’a demandé quand vous chantez, c’est avec votre tête ou votre coeur ? Je lui ai dit « je pense que c’est avec les deux ». Et après, elle a enchaîné en me posant la question suivante : « est ce que vous vous amusez bien ? ». Le jour où je terminerai, je voudrais pouvoir le dire.
Justement, on pense au jour d’après ?
On pense à continuer le plus longtemps possible. La santé me dictera son calendrier mais chaque concert est une aventure passionnante à vivre. On va continuer ces aventures. Cette année, on a des rendez-vous importants comme le Zénith à Toulouse à l’Arena à Bordeaux. L’année prochaine, il y aura peut-être l’Olympia.
L’Encatada, c’est l’hymne de Nadau ?
Non, ce n’est pas l’hymne. Je ne sais pas s’il y a un hymne. L’encatada est une chanson qui a été reprise par les bandas. Elle a des liens avec l’identité du sud ouest et les ferias. Vous faites une chanson et ce sont les gens qui se l’approprient d’une façon ou d’une autre. Ce succès m’a surpris. Une chanson, « mon dieu que j’en suis à mon aise », est une vieille chanson dans ces paroles. Les paroles ont 300 ans. On l’entend partout dans le rugby. J’avais trouvé ces paroles poétiques.
C’est d’ailleurs la seule chanson que j’ai en français dans mon répertoire. Les jeunes se reconnaissent dans cette chanson. »
Ces chansons, vous les écrivez vous-même ?
Je vais faire une réponse schizophrène. C’est comme si c’était un autre qui écrivait. Si j’avais les clés de cette question, j’en écrirai tous les matins. c’est quelque chose de très mystérieux.
Comment vivez-vous, au final, ces moments ?
Comme un cadeau du ciel. Quelque chose de très mystérieux. Quand nous avons fait les grands rendez-vous comme l’Olympia et que l’on voyait les cars arriver et les gens pique-niquer avant le concert, je me disais : « c’est une erreur. Pourquoi ils viennent ». J’avais envie de m’enfuir. Ils attendent quelque chose de moi et j’avais peur de ne pas leur donner. C’est un mélange de fiction et de réalité. La frontière est très difficile à saisir.
En tout cas, je suis toujours surpris de voir l’enthousiasme des gens. »10
Vous avez déclaré dans un précédent interview dès que l’on franchit la Garonne on est dans les Dom-tom. Vous allez la franchir à Marmande…
(rires….) c’est souvent au-delà de la Garonne. Ça fait partie de l’anti-folklore. On essaie de rigoler. Ça ne nous empêche pas d’aller chanter à l’Arena de Bordeaux.
Avez-vous des souvenirs de votre premier passage à Marmande ?
Non pas du tout. Je suis désolé mais vous savez il y a eu des milliers de concerts. En tout cas, je suis très surpris car le maire m’a demandé de faire un deuxième concert car le premier était complet. C’est merveilleux. Je suis toujours étonné de ce succès.
Le Lot-et-Garonne vous aime. Vous y étiez l’an passé. Vous venez deux fois à Marmande. Cet été, vous serez à Casteljaloux et à Villeréal.
À une époque, on y allait souvent. Puis, moins. Maintenant, on revient. Il y a beaucoup de demandes. Pourquoi ? je ne sais pas l’expliquer. Il y a là aussi ce phénomène intergénérationnel avec des vieux qui emmènent des jeunes et inversement.
Concert à guichets fermés, vendredi soir, à l’espace expo de Marmande. Pour le concert de samedi après-midi, à 16 heures, contacter le 05.53.44.44.09
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