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Violences et mobilisations des Gilets jaunes : le regard de syndicalistes de Seine-Maritime

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Samedi 5 janvier 2018, à Rouen (Seine-Maritime) comme à Caen (Calvados) de nombreux faits de violences ont été constatés en marge de manifestations des Gilets jaunes.

Samedi 5 janvier 2018, à Rouen (Seine-Maritime) comme à Caen (Calvados) de nombreux faits de violences ont été constatés en marge de manifestations des Gilets jaunes. (©RT/76actu)

À l’aube de l’acte IX du mouvement des Gilets jaunes, les syndicats en Seine-Maritime réagissent face à la montée de la violence, mais aussi face à ce mouvement qu’ils ne soutenaient pas au début. Certains, en effet, en dépit de la méfiance affichée des Gilets jaunes, appellent aujourd’hui à la convergence.

LIRE AUSSI : Acte VIII des Gilets jaunes : à Rouen, le mouvement reprend de la vigueur, la violence s’installe

« Cette défiance envers les syndicats, je la comprends… » 

Devant la sous-préfecture du Havre, Véronique, commerciale et Gilet jaune depuis le 17 novembre témoignait lors d’un rassemblement : « Mon mari  est syndicaliste, il est de toutes les manifestations. Quand il rentrait d’une manifestation, je lui disais souvent : ‘Tu rentres et concrètement, ça donne quoi ce que vous faites ?’ »  Pour Véronique comme pour beaucoup, rejoindre les Gilets jaunes c’était aussi « reprendre espoir pour l’avenir de nos enfants et c’est bien pour ça que nous ne lâcherons pas… » 

LIRE AUSSI : INTERVIEW. Selon le géographe Christophe Guilluy, « il faut prendre les Gilets jaunes au sérieux »

Clara Nesic, de Sud Éducation Seine-Maritime entend la critique et admet « comprendre cette défiance » :

Cela fait des années que les syndicats mènent des combats sans aller jusqu’au bout et les gens ont fini par ne plus y croire.

Yanis Aubert est le secrétaire départemental de Force ouvrière : « Les Gilets jaunes ont fait, au début de leur mouvement, un amalgame entre les syndicats et les partis politiques, nous mettant tous dans le même panier. Aujourd’hui, ils se structurent. Victimes de violences, ils crient à l’injustice comme nous l’avons fait auparavant sur des manifestations. La vision change et c’est très bien ainsi. » 

Du côté de la CGT, le discours est quelque peu différent, Pascal Morel, patron de la CGT dans le département, soutient : « En Normandie comme dans d’autres régions, nous sommes allés aux manifestations, notamment à Rouen. On savait très bien dès le départ que personne ne peut être propriétaire de ce mouvement. C’est un ras-le-bol général. Ce n’est pas un échec des institutions ou des organisations syndicales, mais une prise de conscience collective qu’il faut rabattre les cartes notamment avec ceux qui détiennent le capital. » 

La colère était latente

Pour les trois syndicalistes interrogés, la colère et les violences qui en découlent auraient pu être évitées. « Les organisations syndicales avaient tiré la sonnette d’alarme notamment sur le pouvoir d’achat. Pour que tout cela ne se termine pas en autant de violences, il aurait fallu nous entendre », peste Yanis Aubert. 

Le mépris affiché par le Gouvernement aujourd’hui, nous l’avons nous-même vécu auparavant, justement lorsque l’on dénonçait l’injustice sociale dont étaient victimes les salariés. La première violence, c’est bien celle-ci, assure Pascal Morel.

Sud-Solidaires appelle depuis mercredi 9 janvier à rejoindre les rangs de l’acte IX des Gilets jaunes samedi 12 janvier. « La vraie violence, c’est celle qui consiste à estimer que cinq euros d’APL (Aide personnalisée au logement) en moins, ce n’est pas grave pour un couple qui déjà le 15 du mois n’a plus grand chose dans son porte-monnaie », s’indigne Clara Nesic. 

« Quand on envoie des cailloux, faut pas s’attendre à recevoir des fleurs »

Mesurettes, miettes, poudre aux yeux… Les trois syndicats estiment que les réponses du gouvernement mènent à ce conflit sans fin dans lequel effectivement, ils le reconnaissent, la violence est de plus en plus importante. « Mais lorsqu’on lance des cailloux, faut pas s’attendre à recevoir des fleurs », résume Yanis Aubert.

Clara Nesic prédit « un désespoir qui va avoir des conséquences dramatiques s’il n’est pas enfin entendu. Les gens veulent reprendre les choses en main et on ne peut que les comprendre ». Et la syndicaliste de citer comme Pascal Morel, « ces indécentes entreprises du CAC 40 qui ont reversé 57 milliards à leurs actionnaires en 2018. Comment voulez-vous que les gens se calment après avoir entendu ça ? »

Tous indiquent avoir essuyé lors de manifestations des jets de gaz lacrymogènes. Même s’ils regrettent ces excès de violences de part et d’autre survenus à Caen comme à Rouen, ils refusent de faire porter le chapeau au mouvement des Gilets jaunes.

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Les casseurs, les black blocs, c’est quand même pas nouveau en France ! Eux aussi expriment d’ailleurs une détresse et on sait tous que la répression à outrance ne mène à rien, explique Pascal Morel. 

Du côté de FO, le ton est plus tempéré : « Les mouvements sont calmes le matin quand il n’y a que les Gilets jaunes et l’après-midi, ça dégénère. On sait très bien que certains Gilets jaunes se font également noyauter. » 

Bloquer l’économie : « la seule solution »

Comme Claire Nesic, le secrétaire départemental de la CGT appelle aujourd’hui à la convergence. « Il faut absolument qu’en février le relais de ce mouvement soit pris par les salariés dans les entreprises. »  Pour Pascal Morel, « un mouvement de grève pour bloquer l’économie et les manifestations des Gilets jaunes le samedi ne s’opposent absolument pas et pour bousculer les consciences, on va être obligés de s’engager jusqu’au bout. » 

La syndicaliste de Sud soutient de son côté, « qu’il y a vraiment des convergences possibles. La grève qui va bloquer l’économie est une solution. Sinon, le mouvement ne pourrait avoir servi à rien ».

La crainte de ces nouveaux représentants ?

Face à ce mouvement qui s’organise et se structure en vue des futures élections, les syndicats craignent-ils un désaveu ?

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« Il y a des paradoxes dans ce mouvement, beaucoup trop à mon avis et je ne vois pas comment avec autant d’individualismes même si unis sous un même nom, cela pourrait être viable dans le temps », indique Yanis Aubert.

Pour Claire Nesic, « ce mouvement nous faits tous réfléchir, moi j’y vois un vrai espoir, pas du tout une menace. Mais pour se structurer et se battre cela prend beaucoup de temps. » « La CGT existe depuis 122 ans. Elle a été attaquée de toute part dans l’histoire et pourtant elle est toujours là… », conclut  Pascal Morel.

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*Contacté, le syndicat CDFT de Seine-Maritime n’a pas donné suite à nos sollicitations. 


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