
Sébastien Seng, surnommé Abey (surnom attribué au petit dernier de la famille au Cambodge), veut aider les enfants du Cambodge en devenant joueur pro. (©Aline Chatel / Sport à Caen)
Il s’appelle Sébastien Seng mais tout le monde l’appelle Abey. Le jeune homme, né à Argentan de parents cambodgien et thaïlandais, prépare un grand projet personnel. Âgé de 24 ans, Abey Seng rêve de devenir footballeur professionnel au Cambdoge, où le niveau footballistique est relativement faible. L’idée n’a toutefois rien d’une finalité. Le jeune Caennais, meneur de jeu, l’intègre dans un cheminement humanitaire.
Sport à Caen : Tu prépares un projet humanitaire au Cambodge sur fond de football. Quel est ton parcours de footballeur ?
Sébastien Seng : J’ai joué à Argentan dès mon plus jeune âge et jusqu’à mes 18 ans. On a notamment fini champions de U17 DHR. Je suis passé en U19 où on a réalisé un beau parcours aussi. Je suis ensuite parti pour une saison à l’US Alençon, puis le travail m’a amené sur Caen. J’ai joué deux ans à Verson. Avant de partir au Cambodge en novembre dernier, j’ai signé à Caen Sud Ouest. C’est de la troisième division mais je voulais jouer avec un de mes meilleurs amis, qui est coach là-bas, Jean-Baptiste Piquet.
D’où est venue cette idée de lancer une carrière professionnelle au Cambodge ?
Quand j’étais plus jeune, j’ai fait des détections au Stade Malherbe. Plusieurs clubs pros s’étaient intéressés à moi. Je faisais aussi partie de l’équipe de Basse-Normandie et je devais aller à Clairefontaine avec les 80 meilleurs joueurs de ma génération. Malheureusement, je me suis blessé. C’est tombé à l’eau. J’ai repris le foot sans me prendre la tête. En novembre 2018, je suis allé voir mon frère, qui s’occupe d’un orphelinat au Cambodge (Bridge Cambodia). Il travaille aussi pour une ONG qui vient en aide aux enfants aveugles. Cela m’a intéressé. J’ai vu comment les petits vivaient au quotidien, ce que je pouvais leur apporter. J’y réfléchis encore. Le foot est un rêve depuis tout petit. Si je peux finir pro là-bas, je serai plus crédible, j’aurai plus d’impact sur mes choix pour les aider. J’aurai aussi plus de soutien. Pour aider les gens, il faut connaître les bonnes personnes. Pour l’instant, je n’ai que mon frère là-bas. Certes, il a des connaissances, mais j’aimerais en avoir par moi-même.
« Je veux tenter ma chance »
Quel est ton calendrier ?
Je pars exactement le 15 avril 2019. Je suis en contact avec l’ancien capitaine du Cambodge (Thierry Chantha Bin, ndlr). Il est Franco-Cambodgien, comme moi. Il joue en Malaisie actuellement. Il m’a demandé d’envoyer mon CV, avec vidéo à l’appui. Je vais essayer de trouver un club.
NDLR : Thierry Chantha Bin jouait en PH en région parisienne avant de partir pour le Cambodge et d’y intégrer la première division.
Tu as une idée du niveau ?
Tactiquement et techniquement, le football au Cambodge est moins développé qu’en France. Sur tout ce qui est impact physique, ils sont vraiment au niveau. Ce sont des joueurs qui ne lâchent jamais rien. Ce sont des morts de faim. J’aime bien ça (sourire).

Sébastien Seng s’entraîne avec le préparateur physique Julien Alvarez. (©Aline Chatel / Sport à Caen)
Comment situes-tu ton propre niveau ?
J’ai joué jusqu’en DH avec les jeunes et les seniors. J’ai joué à un bon niveau, mais pas extraordinaire non plus. Je ne sais pas si j’aurai le niveau pour devenir pro mais je veux tenter ma chance. J’ai l’opportunité de prouver à moi-même ce que je vaux. Mais ce qui me motive réellement, ce sont les enfants là-bas. Si je peux finir pro, mon statut m’aidera dans ce sens.
« Je vis mon projet à 200 % »
Tu mets toutes les chances de ton côté en menant une vraie préparation personnelle…
Exactement. C’est la raison pour laquelle j’ai fait appel à Julien Alvarez. Des personnes de confiance m’ont dirigé vers lui. Je cherchais un préparateur physique pour m’améliorer sur les détails. Il faut tout peaufiner. Je vais me préparer le plus possible jusqu’à avril. Je vais aussi dans une salle de sport en parallèle, et je continue de m’entraîner en club.

Sébastien Seng est déterminé à réussir son objectif. (©Aline Chatel / Sport à Caen)
Comment te projettes-tu sur la suite ?
Tout dépendra de ce qu’on me proposera là-bas. Je vis mon projet à 200 %. Il faut vraiment que je le réussisse. Je me donnerai à fond quoi qu’il arrive. Ma famille, mes amis, ma copine sont ici. Ils vont me manquer. Je garderai contact avec eux. Le but est de finaliser mon projet.
Quelles sont tes origines vis-à-vis du Cambodge ?
Mon père est Cambodgien. Il a fui la guerre. Il était militaire. Ma mère est Thaïlandaise. Ils sont venus vivre en France et se sont rencontrés à Paris. C’est plus tard qu’ils sont venus sur Argentan. J’ai grandi là-bas. Le Cambodge, ce sont mes racines. Quand j’y suis retourné en novembre dernier, je me sentais vraiment chez moi. Je me retrouvais dans tout, dans l’éducation que mes parents m’ont donnée. Je ne suis pas perdu là-bas. Je parle couramment la langue. Culturellement, il n’y a aucun souci.

Le souci du détail… (©Aline Chatel / Sport à Caen)