Avec son montage créé à l’aide de ses amies, la Toulousaine Amélie Porres fait le buzz sur les réseaux. (©Capture d’écran Instagram)
Depuis vendredi 4 janvier 2019, un œuf explose tous les records sur le réseau social Instagram. Aujourd’hui, la publication est la plus « likée » de l’histoire du réseau social, après avoir détrôné un post de Kylie Jenner. L’œuf a tout ce qui a de plus banal. Pourtant, il cumule près de 51 millions de mentions « J’aime » sur sa photo. Le compte à l’origine de la publication regroupe un peu moins de 9 millions d’abonnés. Avec ses amies, une habitante de Toulouse a décidé de reprendre ce phénomène pour créer une cagnotte visant à soutenir la recherche contre le cancer.
« Je n’avais pas autant de « likes » à l’époque où j’avais ma tête d’œuf »
À 33 ans, Amélie Porres, est atteinte d’un cancer métastatique. Dans le cadre de son traitement, elle a eu recours à une chimiothérapie provoquant la perte de ses cheveux. « C’est un vrai traumatisme. Il y a notre reflet, le regard des gens, ceux à qui ont fait pitié, ceux qui ont peur. C’est compliqué à gérer. Mais j’ai appris que notre féminité ne dépendait pas du fait qu’on ait des cheveux longs », explique-t-elle.
Présente sur les réseaux sociaux, elle a fini par tomber sur le fameuse publication de l’œuf qui bat tous les records. « Je n’avais pas autant de « likes » à l’époque où j’avais ma tête d’œuf », s’amuse la trentenaire. Mardi 15 janvier 2019, face à ce surprenant buzz et de manière anodine, elle décide de poster un photomontage de l’œuf et de son visage durant la chimiothérapie.
Des dons pour financer la recherche contre le cancer
Rapidement, ses copines, également touchées par la maladie, reprennent sa photo. L’une d’elles, Emmanuelle, crée un hashtag pour accompagner le montage : #EggHeadChallenge, comprenez « challenge de la tête d’œuf ». Sur les réseaux, le phénomène prend rapidement. En effet, à ce jour, le hashtag a été utilisé 307 fois et la publication de la trentenaire toulousaine a été likée plus de 1 200 fois. Amélie Porres refuse de revendiquer la seule maternité du phénomène : « C’est une action collective. Nous sommes plusieurs à avoir lancé cela. Et sans la participation d’autres filles, il n’y aurait pas eu une telle ampleur. »
Mais l’intérêt n’était pas de lancer une nouvelle mode qui n’a pas de véritable utilité. « Notre idée de départ c’est : si tous les gens qui ont laissé un « J’aime » sur la publication, donnaient un euro pour soutenir la recherche contre le cancer, on aurait une belle cagnotte. Du coup, mon ami Laura en a créé une sur Paypal ». Succès immédiat.
La cagnotte devrait se clôturer après le 4 février 2019
De manière instantanée, les dons ont afflué. En 9 jours, 2 600 euros ont été récoltés au profit de la fondation ARC pour la recherche contre le cancer. Amélie Porres a tenu à remercier les participants :
Au départ, on s’attendait à des dons d’un euro. Finalement, ils sont assez peu nombreux, les gens donnent plus. Nous avons eu des dons de 100 €. En temps de crise, les gens restent hyper généreux ! Tout le monde est touché par cette saloperie qu’est le cancer. On les remercie car ils nous ont fait confiance.
La trentenaire précise qu’un justificatif sera présenté aux donateurs lors de la remise de la cagnotte à la fondation ARC. Elle devrait se clôturer après la journée mondiale contre le cancer, lundi 4 février 2019. D’ici là, il est toujours possible de faire des dons en cliquant ici.
« J’ai eu droit à ma tête en gros chez Cyril Hanouna »
L’initiative a largement été relayée dans les médias. « On en a parlé sur 20 Minutes, le HuffPost, sur la RTBF en Belgique. J’ai même eu droit à ma tête en gros chez Cyril Hanouna ! On a aussi eu des publications venues des États-Unis », raconte la jeune femme. Une « célébrité » qui la dépasse un peu puisqu’elle répète ne pas être la seule à avoir lancé ce phénomène : « Je ne veux pas me tirer la couverture ».
La jeune femme nuance quand même ce buzz : « Ça reste dans une certaine mesure. Ce n’est pas à la hauteur de l’œuf, mais, on ne s’attendait pas forcément à une aussi grande visibilité médiatique ». Mais Amélie Porres et ses amies restent fières de ce quelles ont, déjà, pu accomplir. « Les réseaux sociaux peuvent aussi servir à autre chose que de « liker » des trucs débiles. Ils servent aussi à faire ce genre d’initiative. On a voulu allier le futile à l’utile. On pense avoir réussi », conclut la Toulousaine.
LIRE AUSSI : Toulouse : une cagnotte pour venir en aide aux victimes de l’incendie de la rue Bayard
Thibaut Calatayud