
Lundi 4 février, une conférence-débat se déroulera salle Osète, à Toulouse, sur un sujet qui revient régulièrement ces dernières semaines à travers le mouvement des gilets jaunes : le pouvoir d’achat. (©Illustration/Fotolia)
Voilà un débat d’actualité en pleine crise des gilets jaunes. Lundi 4 février 2019, à la salle Osète, Libres ! Haute-Garonne, déclinaison toulousaine du mouvement politique national lancé en 2018 par Valérie Pécresse, la présidente de la Région Ile-de-France, organisait une conférence-débat sous un titre choc : « Comment (vraiment) augmenter le pouvoir d’achat des Français ».
Débat organisé par @libres31 « Comment (vraiment) augmenter le pouvoir d’achat des français ? » animé par Marc Ivaldi @marcivaldi, chercheur à l’école d’économie de Toulouse @TSEinfo.
🗒 C’est ce soir à 19h salle Osète à #Toulouse ⤵️ pic.twitter.com/bkNNWkZlbZ— Libres ! Haute-Garonne (@libres31) 4 février 2019
Marc Ivaldi, membre de Libres ! Haute-Garonne et chercheur à la Toulouse School of economics (TSE), l’école du Prix Nobel 2014 Jean Tirole, animait cette soirée. Il livre à Actu Toulouse les solutions qu’il préconise.
Actu Toulouse : Quelle a été la tonalité de votre intervention lors de cette conférence axée sur le pouvoir d’achat ?
Marc Ivaldi : J’ai expliqué les enjeux qui se cachent derrière cette notion de pouvoir d’achat, et les problèmes qui se posent en France. Lors de l’université d’été du mouvement de Valérie Pécresse en août 2018 à Brive (Corrèze), le thème était déjà le pouvoir d’achat. Et il n’y avait pas de gilet jaune à l’époque !
LIRE AUSSI : Pourquoi votre livret A vous a fait perdre du pouvoir d’achat en 2018
« Les 35 heures sont devenues une contrainte »

Marc Ivaldi, chercheur à la Toulouse school of economics (TSE). (©DR)
Actu Toulouse : Le pouvoir d’achat revient dans de nombreuses doléances des gilets jaunes. Quelles sont vos propositions pour répondre à cette demande forte ?
M. I. : J’ ai insisté notamment sur l’augmentation de la durée du travail, la suppression d’un jour férié et le contrôle de la dépense publique. On parle beaucoup de pouvoir d’achat mais peu de chômage actuellement, ce qui m’étonne un peu. Or, on n’arrive pas à faire travailler tout le monde. Les 35 heures, aujourd’hui, sont devenues une contrainte. Il faut laisser la possibilité aux entreprises de repasser, pourquoi pas, aux 39 heures. Il faut absolument baisser le coût du travail et continuer de baisser les cotisations sociales, ce qu’a commencé à faire le gouvernement en 2018. En France, 55% des cotisations sociales sont payées par l’employeur, contre 30% en Allemagne et 40% en moyenne dans l’Union européenne. L’objectif est de redonner de l’air aux entreprises. En France, leur taux de marges est 10% inférieur à celui de l’Italie, l’Allemagne et l’Espagne.
J’ai aussi parlé de l’augmentation du seuil de revente à perte, issue de la Loi sur l’alimentation, qui a fait augmenter les prix de certains produits mais qui, contrairement à l’esprit initial de la loi, n’entraînera pas d’augmentation du revenu des agriculteurs.
LIRE AUSSI : Nutella, Coca-Cola, Ricard… pourquoi le prix de plus de 500 produits va augmenter
« La hausse du Smic n’est pas une solution à long terme »
Actu Toulouse : Le 10 décembre 2018, le président de la République Emmanuel Macron annonçait à la télévision une série de mesures comme la possibilité de désocialiser les primes versées aux salariés, une hausse du Smic via la prime d’activité ou le retour des heures supplémentaires défiscalisées. Qu’en pensez-vous ?
M. I. : Il n’y a pas que des mauvaises mesures, mais comment les finance-t-on ? La situation est catastrophique car on va encore augmenter le déficit. Et donc, à terme, cela peut conduire à augmenter les impôts… C’est une politique kéynesienne traditionnelle mais dans une spirale économique qui n’est pas bonne. L’augmentation du Smic peut être idéale à court terme mais n’est pas une solution à long terme. La « prime Macron » me parait difficile à appliquer régulièrement car on accroît la dette, et elle n’est pas forcément adaptée aux TPE-PME.
LIRE AUSSI : Gilets jaunes : Emmanuel Macron tente de calmer la colère… sans convaincre
Egalement, la suppression progressive de la taxe d’habitation devait être en partie compensée par la hausse des taxes sur le carburant mais elle a été annulée. Tout ceci donne l’impression qu’il n’y a plus de stratégie.
J’ai fait une autre proposition, mais concernant les collectivités territoriales cette fois-ci : leur autonomie financière. Voilà une proposition me paraissant aller dans le sens des gilets jaunes car cela donnerait plus de liberté aux collectivités territoriales pour développer leur politique, alors qu’aujourd’hui leur marge de manœuvre est très limitée.
LIRE AUSSI : Toulouse : en 2019, les salariés d’Airbus pourraient toucher une prime exceptionnelle
« Je suis favorable aux primes au mérite dans la fonction publique »
Actu Toulouse : En 2018, le gouvernement a privilégié les salariés du privé, notamment en baissant les cotisations sociales, et entend maintenir le cap des 120 000 suppressions de postes dans le secteur public. La fonction publique, justement, réclame elle aussi des gestes. Que leur proposez-vous ?
M. I. : Il y a d’abord trois problèmes, à mon sens. D’abord, la différence entre les bas et les hauts salaires, qui est choquante. Ensuite, je constate que dans certaines collectivités, les fonctionnaires ne font pas les 35 heures obligatoires. Enfin, chez les policiers et les infirmières, notamment, de trop nombreuses heures supplémentaires n’ont pas été payées. Les problèmes dans la fonction publique sont gigantesques.
Je suis favorable à l’instauration de primes au mérite, mais plus mesuré sur l’augmentation du point d’indice. Quelle contrepartie mettre en place en terme de productivité et d’efficacité ?