
Pour Franck Lacrampe, à gauche, de la CGT Educ’ Action, la santé des enseignants est en danger. (©Christian Dubarry.)
Suite à la mobilisation en demi-teinte des personnels de l’Éducation Nationale du lundi 12 novembre, le secrétaire départemental de la CGT Educ’Action, Franck Lacrampe a tiré la sonnette d’alarme sur la dégradation des conditions de travail des enseignants : « les personnels sont dans un état de tension extrême. En supprimant environ 2400 postes d’enseignants et 400 postes administratifs dans l’Hexagone, la réforme du lycée va aggraver significativement leur souffrance ».
Classes surchargées
Selon le responsable syndical, lui-même professeur au lycée Mermoz d’Aurillac, les classes déjà surchargées des établissements du secondaire devraient en effet accueillir à partir de la rentrée prochaine entre 35 et 40 élèves chacune.
Une situation d’autant plus ingérable qu’une bonne partie d’entre eux est en situation d’échec scolaire et que les remplaçants se font de plus en plus rares sur le département. « Les enseignants vont péter les plombs » prévient Franck Lacrampe avant de préciser « Non seulement on ne pourra pas faire notre métier correctement mais c’est désormais notre santé, qui est en jeu. En tant qu’employeur, l’Éducation Nationale a le devoir d’en tenir compte ».
Accidents du travail
Or, pour la CGT, la loi du silence règne dans les établissements. « Beaucoup d’arrêts de travail sont en réalité des accidents du travail » explique Franck Lacrampe « mais ils ne sont pas déclarés comme tels car les enseignants qui en sont victimes se sentent coupables et la hiérarchie a horreur qu’on fasse des vagues ». Ces dernières années, pourtant, l’organisation syndicale a réussi à faire requalifier quatre arrêts de travail en accident du travail à caractère psychique.
Une victoire pour Franck Lacrampe : « ça paraît dérisoire mais c’est à ma connaissance une première en France ». Au terme d’un véritable parcours du combattant, une décision du Tribunal a d’abord fait jurisprudence en décembre 2016 pour le cas d’une enseignante du dispositif UPE2A (Unité Pédagogique pour Élèves Allophones Arrivants) qui avait fini par « craquer ». Deux autres enseignants ont obtenu gain de cause par la suite. Plus récemment, c’est le harcèlement d’un professeur du lycée Mermoz qui a été reconnu comme accident du travail. Et d’autres dossiers sont en cours…